La petite fille semblait vraiment innocente. Alice n'était pas franchement sur ses gardes, du coup. Sans doute se croyait-elle à l'abri de tout puisque le bruit, le plus gros du problème, venait, a priori, du centre du campement. Alors occupée avec la petite demoiselle perdue, tenant dans ses bras le fameux doudou, elle suivait la direction qu'elle lui indiquait. La jeune conseillère ne savait pas trop quoi penser. Une chose était sûre, elle ne parlait pas la même langue que celle parlée à la Cité et à la Capitale. Serait-ce une jeune sauvage ? Vu sa tenue, cela n'aurait rien de très surprenant, par ailleurs. Elle avait tout de même du mal à imaginer cette petite lui faire le moindre mal.

« Do... Doro ? Valdam ? » de quoi parlait-elle, au juste ? C'était à n'y rien comprendre. Un vrai charabia pour la demoiselle qui la prit par le bras, mais doucement, en espérant se faire entendre ou comprendre par la petite puce... étonnamment bonne vivante pour le coup.

- Doro komeo Valdam! répéta la petite fille en se dégageant du bras d'Alice d'un air effrayé.

Puis aussitôt elle se remit à sourire, elle avait emmené Alice au bon endroit, devant eux se dressait l'entrée d'une grotte. Elles s'étaient pas mal éloignées mine de rien.

* Bordel, ils sont nombreux. * pensa Léo à l'autre bout du campement.

- VALDAM !

La voix était derrière Alice, grave et effrayante. Une dizaine d'homme se dresser derriére àelle, armé de machette et bout de métal en tout genre. Ils avaient tous un soruire sadique sur le visage. Ils formaient un u autour d'Alice, un seul chemin était libre: la grotte.

De sous son doudou la petite fille sorti un couteau.

- Doro kome VALDAM !

Elle sourit de plus belle... soudain bien moins sympathique.
Et loin de là...

- Sécurisez la zone! Allez tout le monde debout! Allumez des torches! Sortez les armes!!!!

* Le Strike Freedom est à l'autre bout... Tsss.... *

Alice se laissa facilement guider jusqu'à l'endroit que lui indiquait la petite fille, toujours plus naïvement. Comment se douter qu'une fille haute comme trois pommes pourrait vouloir votre mort ? C'est pourtant ce qui arriva rapidement. La conseillère se retrouva presque entièrement encerclée par des inconnus, par ces fameux sauvages, tous armés d'armes blanches plutôt bien pointues ou précises, au choix, et à la surprise de la blonde, même la petite fille qu'elle trouvait si mignonne avait une arme braquée dans sa direction. Quelle... chaleureuse petite enfant !

« Ne... Ne bougez pas ! » hurla la jeune femme, prise au dépourvu. Heureusement, elle avait l'arme que lui avait donné le commandant un peu plus tôt. Tirant une première fois dans le vide, pour les intimider, elle comprit qu'ils n'étaient pas près de la laisser tranquille. Elle visa, tira, visa, tira, en espérant les toucher, tous autant qu'ils étaient. Elle savait qu'elle devait les tuer, dans ce cas-là. C'était eux ou elle... Elle était sensible, certes, mais elle le devait. Elle s'en voulait, mais elle le devait. Sa voix lui répétait sans cesse qu'elle devait survivre.

Alice s'efforçait de ne pas trop trembler avec l'arme en mains. Il faut dire qu'elle n'était vraiment pas habituée à ça et encore moins s'il s'agissait de tuer. Pourtant, il le fallait. Elle n'allait pas mourir ici et maintenant. Non ! Ce n'était pas dans ses plans. Elle devait encore embrasser Kougami, lui dire qu'elle l'aime... Mais à quoi pense-t-elle alors qu'elle doit se concentrer ? Foutue Alice ! Son arme toujours pointée, elle aurait pu tirer s'ils ne s'étaient pas acharnés sur elle. Elle recula, encore et encore jusqu'à se cogner le dos contre une paroi de la grotte. Cul-de-sac... Évidemment ! Elle lâcha un instant son arme et la seule solution de secours qu'elle trouva fut de sauter pour agripper et arracher l'arme à la petite, plus petite cible vulnérable, pour entailler ses ennemis.

Kougami n'eut qu'à suivre les "Doro komeo Valdam!" qui continuaient retentir et résonnait dans la grotte. Il remercia la nuit de ne pas être totalement tombé quand il vit ses cibles.

* J'arrive! *

Pendant ce temps là, Alice arrachait le couteau de la petite, petite qui lâcha son arme sans réfléchir et fila se cacher derrière les jambes d'un ogre où elle ramassa un bout de métal pointu.

- AHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!! hurla le commandant.

Objectif? Attirer l'attention des adversaires d'Alice. Cela fonctionna, certains tournèrent la tête vers lui. Ceux qui ne se retournèrent pas se prirent une balle, soit dans le dos soit dans la tête. Ceux qui avaient besoin de plusieurs balles s'en prirent plusieurs. Kougami n'hésiterait pas... pas avec la vie d'Alice en jeu. Il s'était engouffré dans la grotte, pousser par sa folie... ou sa peur de la perdre.

Alice était face à des sauvages.. trop de sauvages. Kougami se remit à tirer, prenant garde de ne pas blesser sa belle. Il arriva au bout de ses chargeurs et lâcha l'un de ses pistolets qui tomba à même le sol. De sa main libre il prit un chargeur, rechargea son arme et se remit à tirer sur ses cibles. Abattant les plus proches d'Alice d'abord.

Derrière lui, un homme se releva et l'attaqua, il se prit un violent coup de coude direct dans le crane. Le roi était passé en mode gros bourrin et abattez tout sur son chemin, il avançait vers Alice et tendit la main vers elle pour l’inciter à le rejoindre.

Pendant que Alice se dépatouillait encore avec les hommes des cavernes, appelons les comme ça, un cri retentissant se fit entendre et fit écho grâce aux parois de la grotte. Le commandant Leo, à en reconnaître sa voix particulière. Que faisait-il ? Se prenait-il soudainement pour un kamikaze ? À en croire le mouvement, c'était bien plus réfléchi que ça. Il comptait rameuter les colosses jusqu'à lui, pour qu'il se dégage de la conseillère. Elle en profita pour donner de nouveaux coups de couteau sur ceux qui n'avaient pas bougé et n'avaient pas encore été touchés par cet homme casqué.

Alors qu'une main lui fit tendue, Alice la prit et fit en sorte de se dégager de cette maudite grotte. La fin des supplices ? Elle l'espérait bien. Quelle drôle d'idée d'avoir voulu suivre cette enfant qui avait, presque, l'air innocent... « Merci... commandant. Je vous dois ma vie... » elle laissa quelques larmes de nervosité mais aussi de culpabilité couler.

Ils sortirent de la grotte, Alice le remercia, Kougami préféra ne pas faire de commentaires pour ne pas s'énerver.

- VALDAM !!!!!!!

Sortant de la grotte en courant, arme en main: la petite fille. Kougami ne prit pas le temps de réfléchir, un coup de feu de plus retentit et tua le petit-être diabolique.

- Retournons au camps.

* Ne pleure pas, je t'en supplie... *

Il mourrait d'envie de la prendre dans ses bras et de la consoler... mais pour l'instant il ne pouvait que tenir sa main et la tirer vers le camps... pour la mettre à l'abri. Quand ils arrivèrent sur place le capitaine Clochard était là.

- Zone sous contrôle, nous doublons la garde et augmentons le périmétre de sécurité.
- Parfait. Faites le ménage.
- Compris!

Ils arrivèrent devant la tente du commandant quand il commença à pleuvoir.

- Entrez, vous n'avez pas envie que tout le monde vous voit dans cet état.

Il lui ouvrit la tente.

Alice aurait bien voulu être plus forte que ça mais elle ne l'était pas encore. Elle n'avait pas l'habitude du devant de la scène, d'horreur évidemment, et le sang n'était pas son quotidien. Elle eut d'autant plus de mal en voyant le corps de cette petite fille à terre, gisant dans son propre sang. Oui, c'était difficile de ne plus pouvoir se cacher derrière ses belles paroles de pacifiste, surtout après avoir failli mourir. Elle souffla, prenant un bon bol d'air juste après. Heureusement, le capitaine Clochard les interrompit pour mieux les rassurer et lui laissant le temps de reprendre ses esprits pour ne pas bégayer bêtement.

« Merci... » elle entra alors la première dans la tente et prit place dans un coin, toujours un peu sous le choc et les larmes coulaient sans même qu'elle ne s'en rende compte. Pas facile de tuer pour la première fois, vraiment pas facile.

Elle se réfugia dans un coin, Kougami entra dans la tente à son tour et la referma derrière lui.

- Calmez vous conseillère, c'est fini, vous êtes en sécurité.

Sous son casque il se mordit l'intérieur de la joue. Il devait résister, il ne devait pas la prendre dans ses bras.

- Vous voulez quelque chose? Demandez moi n'importe quoi...

* Bordel, je pensais pas que ça tournerait comme ça! *

Il ne savait pas quoi faire... et ce fichu casque l’empêchait d'être lui même...

- Allongez vous, ne restez pas prostré dans votre coin.

Alice se rongeait les ongles quand elle ne pleurait pas, même involontairement. Décidément, cette mise à l'épreuve avec une arme n'avait rien de bon. Les évènements s'étaient, en plus, déroulés si rapidement. Elle n'avait rien vu venir. Elle aurait dû être plus prudente. Elle ne l'avait pas été assez. Qu'aurait dit Kougami dans ce cas-là ? Qu'elle était incapable de se défendre seule et donc qu'il avait raison de s'inquiéter pour elle. Stupide ! Elle avait été tout bonnement stupide et inefficace pour le coup.

« Il a raison... Kougami a raison sur toute la ligne. Je suis incapable de me défendre toute seule... » elle se balançait alors d'avant en arrière, cherchant à se calmer, d'une manière peu idéale, d'ailleurs. Il lui proposa de se coucher, ce qu'elle fit péniblement, fixant le mur. Elle n'était vraiment pas dans son assiette. L'image de cette petite fille tuée la hantait déjà. Elle n'allait certainement pas fermer l'oeil de la nuit. « La petite fille... elle... elle semblait si innocente... Valdam... Valdam... Valdam... elle répétait Valdam... » elle se répétait, elle aussi, complètement déboussolée.

- Vous avez été capable de vous défendre conseillère. Vous avez tiré, vous avez gagné du temps, c'est énorme pour une première face au sauvage. Le plupart des gens se fige.

* Arrête de pleurer Alice, non, ne ronge pas tes ongles. *

Kougami se mordit l'intérieur de la joue plus fort. Un court instant il sentit le sang se répandre dans sa bouche... très court... il se régénérait déjà. Tout son corps tremblait: il ne supportait pas de voir Alice dans cet état. Elle s'allongea, tournait vers la paroi de la tente.

- Chuuuut, c'est tout.

Il posa sa main sur les boutons de son casque, il hésitait à le retirer. Mais au vu de ce qu'elle venait de dire... il se demandait si c’était une bonne idée car il verrait en directe son état, ça risquait de lui déplaire.

- Dites moi comment vous aidez conseillère?

Ce n'était pas que le commandant Léo qui demandait, Kougami aussi. Il n'avait jamais vu Alice dans un tel état, elle n'avait jamais été dans une situation si extrême alors même son vrai lui ne savait pas.

- Demandez moi même l'impossible...

Au fond, le commandant Leo devait avoir raison. Sans aucun doute, même. Seulement, c'était tellement difficile de pouvoir raisonner la jeune femme prise par la panique. Elle était légèrement blessée au bras, au niveau du poignet et du coude droits, mais il est vrai qu'elle aurait été bien plus amochée si elle avait hésité plus longtemps à tirer sur ceux qu'elle croyait inoffensifs parce que différents. Pour quelqu'un qui prônait le discours plutôt que les batailles, elle avait fait preuve de bonne volonté. La guerre ne peut s'arranger totalement par les mots.

« Je croyais que la petite fille était innocente... Même moi qui veux la paix et les discours, j'ai tué des gens... » la conseillère ne savait décidément plus trop où elle en était. Heureusement, allongée, elle ne tremblait plus. Quelques spasmes de nervosité par-ci, par-là, mais rien de très extraordinaire. Cela ne l'empêchait de se répéter les mêmes phrases et de voir, tout le temps, la même image de cette petite fille avec le couteau et puis en sang.

Si elle n'avait pas au moins cette présence, sans même qu'il ne la touche, physique, il va sans dire que la jeune femme aurait été encore plus mal en point. Heureusement qu'il était là. Heureusement qu'il parlait. « Kougami... J'ai besoin de Kougami... » avoua-t-elle péniblement et pathétiquement avant de se reprendre. « Un... peu d'eau... suffira. » elle devait avoir l'air bête d'avoir prononcé son prénom alors que le commandant ne pouvait décemment pas le ramener en un claquement doigt dans la tente.

Kougami, elle avait besoin de Kougami.

* Je te le ramène ma belle. *

Sa main, toujours posé sur son casque, enclencha les quelques boutons dans le bon ordre afin de le libérer de son casque. Il le retira doucement et s'approcha d'Alice. Il s'allongea dans son dos. Comment allait-elle réagir?

Son coeur battait à cent à l'heure, il avait peur de sa réaction, peur de se prendre une droite, peur qu'elle se mette à crier. Elle voulait de l'eau, très bien, il lui en ramènerait après, et irait chercher de quoi panser ses blessures au passages.

Avant ça il devait lui faire comprendre que c'était lui pour ne pas se prendre un coup, après tout elle était tourné vers la paroi de la tente. Il se pencha au dessus de son visage et déposa un baiser sur sa tempe, ce serait plus efficace que n'importe quel mot. Cela fait, il l'enlaça tendrement et constata qu'il était devenu muet.

Comment pouvait-elle imaginer, ne serait-ce qu'un seul instant, que sa requête serait exaucée alors qu'elle croyait le roi à plusieurs kilomètres du campement où ils allaient se reposer cette nuit ? Jamais elle n'aurait cru que ces quelques mots, ce souhait bien particulier, ne soit pas si impossible. Elle sentit, quelques instants seulement après avoir demandé finalement de l'eau, le commandant Leo se glisser jusque dans son dos après avoir retiré son casque. Que lui arrivait-il ? Etait-il si... proche avec tout le monde ? Croyait-il avoir sa chance avec Alice ? Était-ce uniquement dans le but de la réconforter ?

Elle eut sa réponse quelques secondes encore après, quand elle sentit un baiser sur sa tempe. C'était la marque toute faite de Kougami. Mais le commandant n'était pas sorti de la tente... Attendez voir... L'être, le soldat en qui le roi avait le plus confiance vis-à-vis de la protection de ses proches... Le pouvoir presque surhumain quand il est venu la sauver dans la grotte... Ces mots... Ces paroles... « Kou... Kougami ? Tu étais là depuis le début ? Alors, le commandant Leo et toi n'êtes qu'une personne ? » voilà pourquoi il lui vouait une confiance aveugle.

Ni une ni deux, elle se retourna et vint se blottir dans ses bras. Elle le serra le plus fort possible et se remit à pleurer, comme rassurée. Elle savait qu'elle ne risquait plus rien. « Merci... Kou... »