Alice soupira et haussa les épaules en même temps, suite à la réponse de Kougami. Elle savait bien qu'il faisait déjà de son mieux mais il devait encore faire des efforts, surtout s'il voulait ne pas être remarquée, en tant que roi ou en tant que commandant Leo, d'ailleurs. Il avait une image à donner, certes c'était fatiguant, mais si, en plus de ça, il voulait garder leur histoire secrète pour le moment, il avait tout intérêt à faire toujours mieux. Au fond, elle, ça ne la dérangeait pas si les citoyens, soldats et autres conseillers savaient leur histoire amoureuse. Ce serait au moins ça à ne plus porter sur les épaules. Pourtant, elle faisait tout pour garder ça secret.

Au moins, il avouait que s'il n'y arrivait pas complètement ce n'était pas par mauvaise foi mais parce qu'il avait du mal. Toujours son extrême jalousie. Il n'y avait que ça pour l'empêcher de réagir jusqu'au bout. Elle aurait pu être désolée pour lui. Elle l'est en partie, d'ailleurs mais tout de même. Il pouvait, lui aussi, mordre sur sa chic et faire un effort pour de bon. Tant pis. Elle préféra ne pas insister là-dessus, préférant ne pas se prendre la tête, comme déjà dit. « Merci mon chéri ! » dit-elle en lui offrant un baiser merveilleux après sa réponse positive vis-à-vis de l'éventuel chien qu'elle souhaitait avoir plus tard. « Ce que je veux faire ? J'aimerais bien te demander un petit quelque chose maintenant qu'on est rien qu'à deux ici mais je ne sais pas si c'est le meilleur moment et le meilleur endroit. » avoua-t-elle réfléchie.

Elle lui offrit un baiser délicieux, si délicieux que Kougami râla quand elle y mit fin.

* Un petit quelque chose? *

Il réfléchit, se demandant à quoi elle pensait, mais ne trouva pas. Le plus facile était encore de lui demander.

- Dites moi tout conseillère, joua t-il, je ferais tout mon possible pour vous satisfaire dans les plus bref délais.

Il posa son front contre celui d'Alice, la dévorant de ses yeux gris en attendant sa demande.

Alice ne savait trop comment avancer tout cela. Ça faisait déjà un bon moment qu'elle y réfléchissait mais elle y pensa encore plus fort quand elle crut mourir, à ce moment-là, face à tous ces sauvages. Seulement, elle n'avait pas envie d'en demander trop à celui qu'elle aime. Elle avait peur, allez savoir pourquoi, qu'il fuie, qu'il l'évite suite à ça. C'était un tel chamboulement, sans aucun doute. Néanmoins, elle y tenait elle. Elle se disait d'ailleurs que qui ne tente rien n'a rien. Au fond, une voix la poussait à faire cette demande, quitte à ce qu'il refuse. C'était une possibilité qu'elle gardait soigneusement en tête pour ne pas tomber de trop haut.

« Je ne sais pas trop comment te l'annoncer... tu risques d'être effrayé et dis-toi que je ne le prendrai pas mal si tu refuses. Seulement, j'y pense de plus en plus depuis que j'ai cru que j'allais mourir. » dit-elle tout bas. Après quoi, elle se mit à genoux. Elle n'avait pas de bague. Elle n'avait rien. Mais elle faisait un minimum de scénario pour donner une bonne image à tout ça. « Kougami, veux-tu devenir officiellement mon fiancé ? Veux-tu que d'ici un certain temps, nous nous marions ? » voilà, c'était fait, c'était dit. Elle était à genoux et n'attendait plus que sa réponse.

* Oula, elle me fait peur... qu'est-ce qu'elle va demander. *

Bordel Alice était....

* Pourquoi elle se met à genoux!? *

Nan... nan... Muriel, pose ton verre, arrête de boire! Je me suis cassée la figure de ma chaise... et par ta faute je vais devoir me servir un verre pour réussir à répondre! (un verre de grenadine, je précise!).

* Fi...ancé...? Bordel elle me demande en mariage!? *

O_______________O

Il y eu un silence, un long silence, Kougami essayé d'assimilé tout ça... Mais... franchement... la scène était drôle non? Alice à genoux dans une tente au milieu d'un camps militaire lui même au milieu de nul part... Entrain de demander le roi qui se faisait passer pour un commandant casqué en mariage.

Il réagit enfin, se pinçant les lèvres, tentant de retenir le rire nerveux qui le prit bientôt. Oui, il se mit à rire. C'était nerveux et cela s'entendait, ce n'était pas son rire habituel. Lui!? Se marier!? Lui!? Se lier à une seule et unique personne alors qu'il vivrait pour l'éternité?

* Pas n'importe quelle personne! * lui gronda sa conscience. * Alice! *

Il cessa de rire et la regarda, les yeux dans les yeux, gris sur bleu.
C'est vrai, elle n'était pas n'importe qui, elle avait toujours était là pour lui, toujours présente à ses côtés mais. Non.
Il s'agenouilla devant elle et posa sa main sur la joue d'Alice sans rompre leur échange de regard.

- Alice... ma belle Alice... Je t'aime. Mais... pourquoi ? Tu crois qu'un simple titre plus officiel changera nos sentiments?

Pourquoi ? C'était légitime qu'il lui demande pourquoi. Alice s'était attendue à ce qu'il lui pose une telle question. Cependant, au fond d'elle, elle avait tout de même, et secrètement, espéré qu'il lui dise oui malgré tout. Que ce ne serait pas une simple question sans réponse claire et précise. Il faut croire qu'il n'était pas prêt pour ça. Il fallait qu'elle l'accepte. Elle savait aussi qu'il y avait beaucoup de chance qu'il refuse, même indirectement, sinon pourquoi ne l'aurait-il pas déjà demandé, lui ? Peut-être qu'elle n'était pas assez bien pour un roi et il préférait le garder pour lui, telle une maîtresse qu'on cache à tout prix. Peut-être qu'au fond, elle n'était pas aussi importante pour lui qu'il ne l'était pour elle. Elle se mordit alors la lèvre pour ne pas pleurer, pour ne pas se laisser aller. Même si elle avait promis que ça ne changerait rien, elle était tout de même un peu touchée par ce refus implicite.

« Ce n'est pas pour ça. J'ai cru que j'allais te perdre sans avoir pu te dire devant tout le monde que je t'aime. J'ai cru que j'allais mourir avant même d'avoir pu te dire que je voulais vivre ma vie entière à tes côtés. J'ai cru que j'allais disparaître avant de pouvoir te dire que tu es le seul que je souhaite et pouvoir rendre tout ça officiel. » elle essuya une larme avant qu'elle ne puisse couler sur sa joue. Que faire de plus ? Ah oui, se rasseoir parce qu'elle devait avoir l'air ridicule dans cette position.

Elle se mordit la lèvres pour ne pas pleurer, évidemment il le remarqua. comment rater ses beaux yeux bleus devenus humides à cause de lui? Elle allait pleurer, par sa faute. Son cœur lui fit mal.

- Alice...

Elle essuya une larme sur sa joue; Kougami s'assit à côté d'elle et passa un bras autour d'elle. Il cherchait ses mots...

- J'aimerais profiter encore un peu de notre amour en secret. Tu sais que je n'ai jamais aimé dire au peuple des choses sur ma vie privée... Que les autres sache ou non... que ce soit officiel ou non... Je t'aime Alice. C'est tout ce qui compte non?

Il baissa la tête.

* ...vivre ma vie entière à tes côtés... *

Il sentit la peur l'envahir. Pas la peur de passer 100 ans encore auprès d'Alice non... pas du tout... Cette peur qu'il avait eu quand il avait découvert qu'il était immortel. Lui, il ne pouvait se permettre cette envie de passait sa vie à ses côtés, elle le quitterait bien top tôt, lui déchirant le cœur au passage. Laissant un vide qu'il ne pourrait certainement pas combler avant que plusieurs siècles ne défilent.

Il avait essayé de s'éloigner de ce genre de lien avec les gens, il s'était dit que si il n'y avait que sa soeur se serait supportable. Mais finalement il y avait aussi Alice.. et Luna...

- Moi je ne peux pas... murmura t-il.

Alice méritait au moins cette explication.

- Je ne pourrais pas passer toute ma vie à tes côtés tu... Je...

Tu es mortelle, je suis immortel. Son cœur lui faisait mal, mais il se tourna vers Alice pour la prendre dans ses bras...enfin... si elle acceptait: il ne la forcerait pas.

Kougami ne pouvait ainsi pas se mettre à sa place. Alice savait que ce n'était pas évident pour lui de se mettre à la place d'une mortelle mais elle n'avait pas pensé que ce serait à ce point-là. Apparemment, il ne voulait pas comprendre que pour, c'était important, très important. Pour les humains normaux, le mariage est une preuve d'amour aussi grande qu'importante, une sorte d'image, une sorte de lien. Oui, elle aurait voulu pouvoir se marier avec lui. Elle aurait aimé pouvoir dire à tout le monde qu'elle l'aime. Peut-être pas dans l'immédiat, sa soeur aurait suffit. Seulement, il n'était pas près de l'accepter que ce soit tôt ou tard dans le futur. Elle en voulait plus mais elle n'était pas égoïste. Elle était juste touchée. Elle était juste un peu brisée. Tant pis.

Sa tête fixait le sol, le duvet. Elle n'était capable de dire quoi que ce soit. Ce n'est jamais évident de s'ouvrir autant si c'est pour essuyer un refus total. Il lui fallait se reprendre si elle ne voulait pas craquer. Peut-être est-ce parce qu'il ne voit pas son image et ce parce qu'il n'est jamais à deux doigts de mourir qu'il ne peut comprendre ce qu'elle ressent. Comment le convaincre que c'était la meilleure solution pour elle ? Pas moyen. Elle haussa les épaules. Quelques minutes plus tard, elle était toujours incapable de prononcer le moindre mot, incapable aussi de bouger. Elle n'avait pas la force, aucune force. Elle venait d'ouvrir son cœur qui avait été piétiné par celui qu'elle aime.

Kougami n'aimait pas ce silence, il le trouvait pensant, étouffant et douloureux. Pourtant il ne savait pas quoi dire non plus. Il n'était pas prêt, était-ce un crime? Peut-être aux yeux d'Alice. Mais elle n'avait pas résister quand il l'avait prise dans ses bras, elle n'avait pas chercher à s'enfuir.

- Tout va bien commandant? Conseillère? vous avez pu faire vos choix?

Kougami serra le poing.

- FICHEZ LE CAMPS !

Kougami avait crié, sans son casque. Qu'elle importance au final? De toute façon aucun sujet ne l'avait entendu crier à ce jour, il ne le reconnaîtrait surement pas.

- Ok ok...

Le Capitaine clochard s'éloigna. Kougami respira un grand coup et serra Alice un peu plus dans ses bras avant de s'allonger, l'attirant contre lui.

- Alice... Ce n'est pas un non. Un jour on le dira à tout le monde, je te le promets. J'ai juste besoin d'un peu de temps. Juste un peu, tu veux bien?

* Je te le promets. J'ai juste besoin de temps... *

Alice souffla encore et encore, à un rythme mesuré pour reprendre son calme et évite toute crise inutile. Elle ne fit même pas attention à ce que disait le capitaine, comme si elle pouvait se montrer sourde sur demande. Comme on dit, on ne peut pas ne pas entendre mais on peut ne pas écouter. C'est ce qu'elle décida, assez mal pour le moment. Il était superficiel de faire attention à des soldats qui ne comprenaient pas la situation parce que non invitée à s'en mêler. Heureusement, Kougami l'envoya balader d'un bon coup de gueule et elle observa, toujours silencieuse, muette comme une carpe. Lorsqu'il se coucha et l'invita à se coucher contre lui, elle sentit son cœur battre relativement rapidement sans s'inquiéter. Finalement, le jeune homme interrompit ce lourd silence entre eux deux pour reprendre.

« D'accord. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Je suis désolée, Kougami. J'aurais dû me mettre à ta place dès le début. » oui, elle s'en voulait. Elle s'en voulait d'avoir sauté sur l'occasion alors que sa tête la raisonnait avant et pendant.

- Et moi je ne voulais pas te faire de mal.... Je suis désolé Alice.

* J'ai juste besoin de temps. *

Il se le répétait, encore et encore.

- Vraiment désolé.

Il déposa un baiser sur sa tempe avant de se cacher dans son cou. C'était son refuge à lui, il s'y sentit tout de suite un peu mieux. Un peu seulement, il venait de lui faire du mal et il préférait ne pas imaginer à quel point. Serait-il capable de lui faire oublier cette douleur? Ce foirage royal? Aurait-elle assez de patience pour l'attendre une nouvelle fois? Serait-il à la hauteur de ses attentes? Il s'interrogeait sur trop de chose.

Il se mit à lui caresser le dos, doucement, au travers de ces vêtements. Ça aussi c'était devenu une habitude. Pour la calmer, pour l'apaiser, pour l'aider à dormir, ou juste pour le plaisir de la caresser. Que ce soit dans la demeure des Fujioka, dans l'enceinte du château royal ou à des milliers de kilomètres de la Capitale... ces gestes restaient les même. Ces sentiments avec.

Il se rendit soudain compte qu'il lui avait dit "je t'aime" un grand nombre de fois ces derniers jours. Cela voulait-il dire quelque chose? Il n'était pas du genre à le répétait d'habitude. Raaah, elle avait encore du l’envoûter.

- Dors ma belle, dors, je veille sur toi, chuchota t-il toujours caché dans son cou.

* Je veillerais toujours sur toi. Toujours. *

Le lendemain, après que Kougami est donné ses dernières instructions, le convoi se sépara en deux parties. ceux qui reprenaient la route, et ceux qui restaient là pour bâtir une nouvelle ville. Kougami se tenait devant le Strike-Freedom. Il n'osait pas demander à Alice si elle voulait venir avec lui dans le cockpit de la machine. Il se sentait mal en même temps qu'il avait envie de la prendre dans ses bras. Résultat, il ne savait pas quoi faire.

* Rejoins moi Alice. *

Allez savoir, peut-être qu'elle préférait la compagnie du Capitaine Clochard?

Alice s'efforça de sourire pour ne pas inquiéter plus longtemps le jeune homme. Elle en avait marre de l'inquiéter à longueur de temps. Au fond, elle aussi, elle voulait prendre soin de lui et être suffisamment attentive pour qu'il ne garde pas tout pour lui. N'était-ce pas son devoir en tant que petite amie ? Tout ne devait pas tourner autour d'elle. D'ailleurs, depuis qu'elle lui avait fait sa demande, Kougami ne cessait de s'excuser, de s'en vouloir, d'être désolée. Ce n'était pas ce qu'elle lui demandait. La jeune femme voulait le savoir heureux, bien, épanoui. Elle ne voulait pas le rendre malheureux. Non, c'était loin d'être son but. Alors, elle lui sourit avant de fermer les yeux, frissonnant légèrement aux caresses dans son dos, sentant son cœur battre à un rythme plus serein désormais.

« Je t'aime, Kou. Passe une bonne nuit, toi aussi. » elle finit par s'endormir plus ou moins rapidement.

Le lendemain, le soleil la réveilla et elle prit son temps pour s'habiller. Il ne fallait pas se presser. Pendant ce temps, Kougami en commandant Leo donnait les dernières instructions avant de rejoindre son mobile suit. C'est sans hésiter que Alice alla le rejoindre. Il n'y avait aucune raison de le fuir. Elle n'était pas rancunière. Surtout pas vis-à-vis de lui. Une nuit avait suffit pour qu'elle oublie et qu'elle veuille à nouveau le coller. « On est sur le départ, commandant Leo ? » dit-elle d'un sourire léger mais sincère.

Alice fut rassurée en entendant la voix du commandant Leo. À l'entendre, elle pouvait miser sur le fait qu'il était content et plutôt enthousiaste. S'attendait-il à ce que la jeune femme lui en veuille encore ? Impossible. La blonde ne pouvait tout simplement pas en vouloir plus longtemps à Kougami, celui qu'elle aime plus que tout. Ce serait vraiment stupide, d'ailleurs. Il n'attendit pas qu'elle réagisse pour grimper jusque dans le cockpit de son mobile suit, à l'aide du câble auquel il s'accrocha. La conseillère, une fois que le câble revint jusqu'à elle, s'accrocha à son tour, grimpa et le rejoignit dans le cockpit. Pendant le très court trajet, elle souffla, un peu nerveuse. Elle n'était décidément pas encore bien habituée, pas comme Kougami, c'était certain. Une fois qu'elle fut installée sur lui, il l'embrassa sur la tempe. Elle sourit, posa un bisou sur ses lèvres, pour seule réponse, avant de se concentrer sur l'élément important ; faire bouger la machine.

Lorsque Kougami le fit lui, il les dirigea jusqu'à la fameuse étendue d'eau. Il fit bouger la main métallique de la machine dans l'eau pour faire s'élever celle-ci avant que la gravité ne la force à retomber aussitôt. C'était magnifique. C'est splendide. La jeune femme appréciait particulièrement le spectacle. « Évidemment que je veux essayer ! » dit-elle avant de prendre les commandes, sans attendre. Elle en fit de même et pour le coup, elle y arriva dès le premier essai. Rien de compliqué à côté de ce qu'elle avait commencé par tester.

Alice restait concentrée sur la conduite. Ce n'était ni une voiture, ni une Jeep. Il valait mieux qu'elle ne fasse pas un pas de travers, si c'était pour risquer de détruire un paysage ou une partie de convoi, hors de question ! Du coup, oui, elle restait extrêmement attentive. Elle était même silencieuse. Alors que Kougami, lui, s'amusait à la perturber, encore et encore. Elle aurait pu lui crier dessus, lui dire que ce n'était pas le moment mais elle avait appris à maîtriser son impulsivité. Heureusement, d'ailleurs...

Finalement, ils arrivèrent au point de retour. Ils étaient enfin de retour à la Capitale. Elle allait pouvoir reprendre ses émotions, souffler. Elle allait pouvoir prendre une bonne douche et qui sait, réfléchir à tout ce qui s'était passé durant la mission. Il fallait qu'elle pense à s'entraîner plus régulièrement et peut-être, ainsi, demander de l'aide à un soldat. Elle allait aussi pouvoir repenser à sa demande foireuse. Il valait mieux ne pas ennuyer Kougami avec ça.

« D'accord. Tu veux que je te rejoigne encore ce soir ou tu as quelque chose de prévu ? » elle préféra demander au lieu de le déranger plus tard.