Alice continuait de scruter le haut de la tente, allongée dans son sac de couchage. Un peu pensive, elle se demandait ce que pouvait bien faire le roi, au chaud, dans son palais. S'ennuyait-il à mourir ? Buvait-il un verre avec son fameux ami qui tenait un bar ou était-il avec les chevaliers ? Peut-être dînait-il avec Houki ? Il valait mieux qu'elle ne l'imagine pas aux bras d'une autre fille, sinon, elle risquerait, elle aussi, de faire une crise de jalousie. Ce n'était vraiment pas l'idéal pendant une telle mission ? Elle soupira, se laissant tout de même aller au simple confort de la tente et du sac de couchage quand elle entendit la porte de celle-ci s'ouvrir. Le commandant arrivait avec un oreiller. C'était mignon.

« Passez une bonne nuit, vous aussi, commandant Leo. » dit-elle doucement, pourtant, elle n'était pas près de fermer les yeux. Elle n'avait pas encore sommeil. Elle allait donc sans doute se tourner les pouces en silence pour ne pas empêcher le sommeil de son « colocataire » de tente.

- D'ici deux ou trois heures j'y songerais. Pour le moment trouver le sommeil va être difficile.

Le début de la mission avait était plus que tranquille, il n'était pas du tout fatigué et ce n'était certainement pas son entraînement contre Tatsuya au matin qui l'avait fatigué, ni son petit tour dans le vestiaires. Enfin, pas assez en tout cas. C'est qu'il en avait de l'énergie le roi.

- Vous n'avez pas envie de discuter un peu? Ça ne vous dépayse pas trop d'être si loin de la Capitale?

Il se mit sur son flanc pour la voir, espérant qu'elle aurait envie de parler, tout comme lui. Il n'était pas dans son lit, il n'était pas chez lui, il avait cet énorme casque sur la tête, mais rien qu'en la regardant il se sentait bien.

* Est-ce que j'arriverais à lui dire? *

Il doutait de plus en plus, comment réagirait-elle?

Alice était surprise de ne pas être la seule à ne pas savoir fermer les yeux à cette heure-là. Y avait-il beaucoup d'insomniaques chez les soldats ou était-ce trop tôt pour rejoindre les bras de Morphée ? Elle penchait plus pour la seconde option, à vrai dire. Après, s'il demandait lui-même à échanger quelques mots, c'était peut-être une bonne occasion, n'est-ce pas ? Sa curiosité allait prendre le dessus tout en espérant ne pas trop l'effrayer dès le départ. Ce serait fort dommage et elle s'en voudrait, sans aucun doute, vraiment aucun. Elle haussa les épaules, tout sourire, un sourire plus discret déjà, mais un sourire tout de même.

« Ça me dépayse un peu, je dois l'avouer, mais heureusement, ce n'est pas ma première mission à l'extérieure de la Capitale. » dit-elle doucement, dans l'espoir de ne pas réveiller les quelques soldats qui dormiraient peut-être déjà à poings fermés. « Mais dites-moi, puisque vous me le proposez si gentiment, j'ai quelques questions pour vous. » son sourire chaleureux était encore présent, histoire de rassurer le commandant. « Le roi vous accorde une telle confiance qu'il vous envoie secourir sa sœur. Tout le monde dans le royaume sait à quel point elle est importante pour lui. Sauriez-vous me dire ce qui le rend si confiant en vous ? Vous connaissez-vous depuis longtemps ? J'ai cru entendre dire que même les personnes les plus proches de lui n'ont pas eu ce privilège. » il ne fallait pas avouer que la personne en question, c'était elle.

* Youhou!!! Bavardage time! *

Quelques questions !? Il se mit à rire doucement.

- Je m'en serai doutais. Je vous écoute.

Et c'est ce qu'il fit.

- A vous de découvrir la raison de sa confiance.
Et oui, je connais le roi depuis très longtemps.

* Depuis toujours. *

- Il y a une différence entre tenir à quelqu'un et faire confiance à quelqu'un. Dans mon cas, je dirai que j'ai la totale confiance du roi, mais qu'il ne tient pas à moi plus que ça.

Ce n'était pas nouveau, il s'en fichait un peu de lui, tant que sa famille était heureuse, tant qu'Alice était à l'abri, il pouvait endurer n'importe quoi.

-Etre au milieu de nul part sans possibilité d’appeler des secours ne vous effraie pas trop?

Il voulait s'assurer qu'elle dormirait sur ses deux oreilles.

Alice cherchait ce qui pourrait trahir le fameux commandant casqué mais tout, vraiment tout dans ses paroles semblait maîtrisé. Pas moyen de se faire une vraie idée avec le simple fait qu'il connaissait le roi depuis très longtemps. Shizuo, si c'était bien son prénom, connaissait Kougami depuis longtemps déjà et pourtant, la jeune femme n'en avait jamais rien su. Peut-être que finalement le jeune homme gardait bien plus de secrets pour elle qu'elle n'en avait pour lui. C'en était presque vexant. Elle soupira, déçue d'une certaine façon, de réaliser qu'elle connaissait si peu celui qu'elle aimait. S'était-elle précipitée, finalement, auprès d'un homme qui n'était pas entier avec elle ?

« Je dois vous avouer qu'à vous entendre, vous connaissez bien plus le roi que moi. » une gaffe, une. Bravo, Alice. « Disons que je connais le roi mieux que certaines autres personnes et il m'a toujours cachée votre existence ainsi que celle d'un vieil ami. Croyez-vous que je puisse dire qu'il me fait confiance ou qu'il tient à moi, si, je ne sais pas grand-chose de lui ? » demanda-t-elle avant de secouer la tête, ennuyée par la situation qu'elle proposait à un parfait inconnu. « Veuillez m'excuser. Je ne sais pas ce qui me prend. Je n'aurais pas dû dire tout cela devant vous. Je vous mets dans une bien inconfortable position. » elle ravala sa salive avant de sourire, courageusement. Elle en oubliait presque sa sécurité et la question du commandant.

Ainsi, Kougami avait expliqué leur lien très étroit et fusionnel à un ami d'enfance, a priori, mais elle n'avait eu droit à aucun indice au sujet de ce commandant casqué ? Plus elle discutait avec celui-ci, plus Alice avait le sentiment que celui qu'elle aimait la laissait dans le flou le plus total et ce n'était vraiment pas pour l'enchanter. Pourtant, le commandant, lui, tentait de la rassurer. Certes, s'il avait voulu laisser le mystère planer au-dessus du fameux Leo, il ne lui aurait pas confier la même mission que celle à laquelle participait sa conseillère. Mais pour Shizuo ? Pour son enfance tout court ? Pourquoi lui savait-il déjà tant de choses à son sujet ?

« J'aimerais pouvoir vous croire. Il m'a caché beaucoup de choses que j'ai découverts un peu par hasard ces derniers temps. Mais je ne veux pas vous ennuyer avec ça plus longtemps. » elle soupira une nouvelle fois. « Disons que j'ai quelques mauvais souvenirs de sauvages, mais ça devrait aller, je crois. » dit-elle dans un nouveau sourire.

- Est ce qu'il vous les a caché ou est-ce qu'il a simplement oublié de vous le dire? Est-ce que vous lui avait posé la question?

* Je ne savais pas qu'elle pensait ça... *

Il avait envie de retirer son casque, là, maintenant, tout de suite, de la serrer dans ses bras et de lui dire tout ce qu'elle voulait. Qu'elle l'interroge, il répondrait. Il sentit une vive douleur dans son cœur et ferma les yeux pour chasser ces mauvaises pensées de sa tête mais le soupir d'Alice raviva aussitôt la douleur. Il serra le poing sous son duvet.

* Alice... *

- J’espère que nous n'en croiserons pas alors. Vous avez une arme avec vous? Cela pourrait vous être utile.

Tout son corps était entrain de le maudire... ce fichu vous!

* Fais ma confiance Alice, je t'en supplie, laisse moi le temps de te parler. *

Alice avait du s'endormir ou se perdre dans ses pensées car elle ne répondait plus. N'ayant toujours pas sommeil Kougami décida de sortir de la tente et de faire un tour du campement. Tous se passer bien, les soldats faisaient bien leur travail, la surveillance et la protection était assurée.

* Il fait déjà nuit noire... *

Mais il n'avait vraiment pas envie d'aller dormir... Peut-être parce que les paroles d'Alice tournaient dans sa tête et formé un véritable cyclone. Elle ne lui faisait pas vraiment confiance, elle avait peur qu'il lui cache des choses. Ce n'était pas faux... mais il allait lui dire, là, et il se prenait ça en pleine figure, ça lui donnait juste envie de fuir.

Il soupira en remarquant que ses pas l'avaient mené au Strike-Freedom. Il monta dans le cockpit, là haut au moins il pourrait enlever son casque. Il annonça aux autres mobile suit qu'il partait faire un tour pour vérifier les alentours, retira son casque.... et le SF décolla.

Communication ??? >>> Kougami.
- Ce... .......... ......urgen.........dom. Le ..............soin..... lui.

* !? *

Cette soudaine intervention tira Kougami de ses pensées alros que le Strike Freedom filait dans le ciel, solitaire et libre.

* Tiens, je suis revenu vers la Capitale... On n'était pas loin de la frontière. *

Bon, pour maintenant... il fonça vers la Capitale pour capter correctement le message radio.

Communication Capitale >>> Kougami.
- Ceci est un message d'urgence pour le Strike-Freedom. Le roi a besoin de lui.

Kougami s'alerta, ça, c'était un message de son oncle. Il y avait un souci au château. aussitôt, il fonça vers la Capitale. A portée de réseau, il téléphona à son oncle.

- Mon oncle, que se passe t-il? ... Quoi ? Houki a disparu !? Elle n'est pas avec son cloporte? ... Perdu toute la journée? Mais vous vous foutez de moi !? ... J'arrive.

Le lendemain matin, le commandant Leo n'était déjà plus là. Apparemment, la mission allait devoir continuer sans lui. Pour prouver à Kougami et, surtout, aux soldats présents pour cette mission, qu'elle n'allait pas abandonner si facilement, Alice décida de continuer la mission coûte que coûte. Après tout, des soldats meurent parfois lors de mission et celle-ci doit tout de même continuer sur sa lancée. Ce fut un peu déroutant, malgré tout, de ne pas le voir au réveil, elle demanda autour d'elle ce qui l'avait fait partir mais rien de très concret ne sortit comme réponse. Ne savaient-ils rien ou ne voulaient-ils rien dire ?

Alice suivit donc les ordres du capitaine Clochard sans un mot. Elle s'inquiétait un peu pour le commandant Leo mais n'avait pas envie de le montrer. Dominer ses émotions, c'était l'un de ses premiers devoirs. Effectivement, sans ça, elle ne tiendrait pas longtemps le coup entourée d'inconnus qui pourraient profiter de n'importe quelle occasion. D'ailleurs, quelques soldats proches de Kougami le lui avait déjà conseillé d'être relativement impassible pour qu'on ne lise plus en elle comme dans un livre ouvert. Alors, c'est sans un mot, le regard neutre que la jeune femme suivait cette mission sans ce fameux commandant.

Alice aurait pu être encore longtemps silencieuse mais sa véritable nature reprit rapidement le dessus. Il n'était plus question de faire semblant. En plus, il en allait également de la sécurité des soldats qui la conduisaient et l'accompagnaient dans ce camion ou dans d'autres machines. Il fallait qu'elle pose ces foutues questions qui lui bouffaient la tête sans cesse. Il fallait qu'elle se libère momentanément de tout ce qui embrouillait sa tête et qui l'empêchait, de cette manière, de réfléchir correctement et au plus important.

« Capitaine, est-ce que quelqu'un sait ce qu'il en est du commandant Leo et de son départ soudain ? A-t-il seulement prévenu quelqu'un ? Est-ce une habitude lors de telles missions ? » oui, elle revenait bombarder ceux qui l'entouraient de questions mais c'était la vraie Alice. Elle ne pouvait pas jouer plus longtemps le rôle d'une comédienne, d'une imparfaite Alice. Au fond, c'était celle-là que Kougami aimait. Alors pourquoi se dénaturer ?