Si j'entend parfaitement ce qu'il me raconte au sujet de la militaire, je n'y prête aucune attention. Je dois d'abord parvenir à calmer mon coeur affolé de colère. Et il vaut mieux cela car certains de ses mots résonnent plus fort que d'autres et manqueraient de faire remonter cette tension dont je peine à me débarrasser. Égoïsme, jouet, placard... Mais maintenant que la colère reflue, ce sont les larmes qui s'invitent alors que je m'excuse de nouveau.

- Non, ne dis pas ça, c'est sa faute. Même si elle était en colère elle n'avait pas à entrer dans la salle de bain... et j'aurais dû verrouiller la porte. Désolé, j'ai oublié.
Viens.

Quand je pense que je lui ai gâcher sa journée et qu'elle vient de la gâcher la soirée par ma faute... Le pauvre ne sait vraiment pas s'entourer en fait. Il n'empêche que ma main vient saisir la sienne et je me laisse guider, une main tentant de dissimuler mes pleurs alors qu'il vient m'aider en s'occupant de me sécher les cheveux. Et ce geste régulier et répétitif, doux et tendre, finit par doucement venir m'apaiser. Les larmes se font rares jusqu'à cesser alors qu'un profond soupir m'échappe alors qu'il m'a laissé pour aller verrouiller la porte et revenir déjà avec de quoi me changer.  

- Dînons et au lit. Tu me masseras demain, ce soir je m'occupe juste de toi. De toute façon tu es épuisée, tu n'aurais pas la force de me masser

"- Tu as surement raison. "

Je me sens réellement vidée à présent. Je viens enfiler mon pyjama avant de le suivre pour quitter la salle de bain et rejoindre la cabine. Les plateaux sont là et honnêtement, ils ne me font nullement envie. Mais je dois manger alors je m'installe à côté de lui sur le bureau pour venir dîner. Son sourire est revenu mais le mien semble absent pour le moment. Au moins, je ne pleure plus. Allez, venons grignoter un minimum.

"- C'est quand même meilleur... au château... Le Chef est vraiment doué en fait. "

Essayer de penser à autre chose, de plus agréable. Certes, nous n'en sommes pas aux rations militaires mais ça ne vaut pas les plats du Chef. Je crois que je serais contente de les retrouver en rentrant. Ça et puis les leçons de danse aussi. Mine de rien, je me suis surprise à reprendre un air de valse l'autre jour, comme si cela me manquait. Enfin, ça ou le fait d'être avec lui...

- Quand tu rentreras il te fera tout ce que tu voudras. Et si jamais je dois faire un nouvel aller-retour je pourrais toujours embarquer l'un de ses plats avec moi.

"- Cela risque de ne pas être pratique dans le Strike Freedom. "

Car s'il refait un aller-retour, il prendra de nouveau sa machine, c'est une évidence. Déjà parce que c'est un pilote bien qu'il soit Roi et tout simplement pour pouvoir encore assouvir ses caprices si l'envie lui en prenait. Après, il a bien emmener un panier repas la dernière fois, pour nous deux. Alors qui sait, il en serait capable. Mine de rien, repenser à cela me permet de me détendre un peu. Juste tous les deux, c'était vraiment agréable, ce petit voyage.

- En parlant du château, tu sais que j'ai hésité à le retourner en ton absence pour trouver ton projet secret?

"- Tu aurais pu, tu ne l'aurais pas trouvé. "

Parce que ce dernier n'est pas au château mais au Fil du Temps. Je voulais rajouter un petit détail mais pour cela j'avais besoin d'une pièce assez particulière et il n'y a que Patron qui pouvait me la commander. Alors, avant de partir, je suis passée là-bas avec pour prendre les mesures exactes et je le lui ai confié le temps de mon voyage. Avec lui, je sais que mon projet est entre de bonnes mains. En sécurité à sa façon.

- Mais après je me suis dit que tu l'avais peut-être embarqué avec toi. Tu as eu le temps de le finir?

"- Presque. Il ne me reste plus que des finitions maintenant alors cela ne me prendra plus très longtemps. "

Et non, tu ne sauras rien de plus. De toute façon, personne ne sait ce que c'est. Enfin à part la princesse Houki mais vu qu'ils se croisent peu et ne se parlent pas tant que cela, elle ne devrait pas vendre la mèche avant la date fatidique. Enfin j'espère, ce serait dommage quand même. Je mange doucement mais je n'ai clairement pas faim. En fait, je crois que je me sens clairement plus fatiguée qu'affamée après tout cela.

"- Je suis obligée de tout finir ? Je crois que j'ai plus envie de me reposer que de manger ce soir."

- Oh je vais bientôt savoir ce dont il s'agit alors?

"- Bientôt, oui. "

Enfin, d'ici un mois et demi. Pour son anniversaire. Cela me laissera le temps de terminer tout ce que j'ai à faire ici et de me pencher de nouveau sérieusement dessus pour m'assurer que tout soit vraiment parfait avant de l'emballer et de le lui offrir. D'ailleurs, il faudra que je demande à Agathe de m'aider, elle pourra surement m'aider à ce sujet. Par contre, malgré mes efforts, le repas ne passe vraiment plus.

- Laisse, va t'allonger avec Upa. Mais à plat ventre et sans tee-shirt. Je fini et je te rejoins.

"- Merci. Bonne fin d'appétit."

Je quitte le bureau, abandonnant sans le moindre regret ce plateau repas. Je laisse Kougami terminer de manger de son côté alors que je viens m'asseoir le temps de venir ôter mon haut de pyjama et de venir m'installer sur le ventre, la tête calée contre Upa. Et déjà, je soupire un peu. Je me sens vraiment lasse ce soir alors que je viens doucement récupérer mes cheveux pour les ramener sur le lit à côté de mon visage, pour ne pas qu'il le gêne.

- Alors... je commence par tes épaules? Ton dos? Tes jambes? Dis-moi. Tu as le choix.

"- Je te laisse choisir. Comme c'est toi qui 'travaille'... "

Et puis, de toute façon, ce n'est que pour commencer. Au final, je ne doute pas que ses mains viendront se promener aussi sur mon dos, mes épaules ou encore mes jambes. Déjà sous la douche, elles s'étaient un peu perdues alors rien ne les empêche de recommencer. Même pas moi, c'est dire.    

"- Tu veux que je me déplace un peu? Dis-le moi surtout, s'il faut que je me décale ou quoi que ce soit d'autre."

- Non c'est bon, tu es au milieu du lit, c'est parfait.

Au moins une chose que je ne n'aurais pas raté aujourd'hui. Oui, je crois que même réfléchir ne me réussis plus. Je le sens venir s'installer au-dessus de moi alors que ses mains viennent se oser sur mes épaules avant qu'il ne se penche dans ma direction, attirant mon attention.

- Maintenant ma chérie je veux que tu fermes les yeux. La porte est verrouillée, nous sommes seuls et en sécurité, tu n'as plus qu'à profiter. Détends toi, oublie tout, tout sauf moi...

"- Je vais faire ça alors."

Comme si je pouvais l'oublier en même temps. Lentement, mon sourire commence à revenir, encore timide et léger mais bien réel. Ses baisers prennent fin alors que j'obéis, venant fermer les yeux avant que de reconnaître la chanson qu'il fredonne. Que je reprend doucement avec lui. Il m'a demandé d'avoir les yeux clos, il n'a rien dit quand au fait que je chantonne un peu alors j'en profite.

Ses mains commencent par s'occuper de mes épaules et de ma nuque. je devais vraiment être tendue parce que même moi je le sens, mes muscles qui chauffent doucement avant de se relâcher sous les pressions de ses doigts. Ma voix murmure avec lui, suivant les différentes mélodies alors que mon sourire s’est doucement ancré sur mon visage et que mon esprit commence à sombrer.

Doucement, c'est comme si le monde enter venait à s'effacer autour de nous pour ne plus laisser que la sensation douce et chaleureuse de ses mains sur ma peau et de sa voix venue me bercer. Le sommeil me capture sans même que je n'en ai conscience alors que le massage continue un eu avant de prendre fin. A sa présence qui se rapproche, mon corps réagi de lui-même, venant se blottir davantage contre lui alors qu'un profond soupir d'aise m'échappe.

La nuit s'écoule ainsi, calme et sereine, sans heurts ni cauchemars. Pas de réveil surprise, simplement comme un atterrissage en douceur alors que mon esprit revient se connecter au monde qui l'entoure. Je sens son souffle régulier, sa chaleur m'enveloppant et seuls mes doigts remuent au départ, pour venir se glisser entre les siens. Je n'ai pas encore ouvert les yeux mais je sens que je souris déjà. Je suis vraiment bien là alors, encore 5 minutes? Après, je me réveillerais pour de bon.

- Bonjour toi.

"- Bonjour toi aussi."

- C'est si bon de se réveiller près de toi, ça m'avait vraiment manqué.

Ah! Là je suis sure de ne pas l'avoir oublié cette fois. Oui, c'est idiot mais c'est la première chose à laquelle je pense. Ses bras se resserrent un peu pour me rapprocher encore de lui, me tirant comme un début de rire étouffé. Non, je ne me moquerais pas, au contraire. Je suis vraiment bien là, moi aussi. Et je ne peux faire autrement que de réaliser aussi à quel point ces gestes tendres, ses douces paroles ou sa simple présence m'avait aussi peser par leur absence. J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne m'étais pas sentie aussi sereine dès le matin.

- Tu as bien dormi? Comment tu te sens?

"- Très bien. Pour les deux, vraiment. "

Je n'ai pas senti le sommeil m'emporter tout comme c'est à peine si je réalise que je suis réveillée tant le tout s'est fait en douceur. Lentement, je viens soulever mes paupières, notant la présence de la lumière dans la cabine. Mon regard croise le sien, qui n'a plus cet air contrarié ni inquiet d'hier soir. Cela me rassure, lui aussi semble bien reposé. Mes doigts viennent jouer un peu avec les siens alors que je viens dégager un peu mon visage des mèches qui s'y sont promené durant la nuit.

"- Et toi, alors? Ca à l'air d'aller mieux. Tu es tout mignon comme ça. "

Oups, je crois que je suis encore un peu fatiguée en fait. Je sais qu'il n'aime pas ce mot mais là, c'est juste un peu sorti tout seul en fait.

- J'ai très bien dormi aussi mais ce tout petit mot vient de me mettre une claque.

"- Pardon ?"

Et le voilà qui se met à bouder. Mais, ce n'était même pas volontaire. Enfin, si lui se décale et regard ailleurs, moi je reste blotti contre lui. Encore quelques secondes, juste le temps de bien émerger. Ça m'évitera de dire d'autres bêtises en plus, ce ne serait pas un mal.

- Alors je boude et tu auras une cure de chatouille dans la journée! Je ne te dis pas quand, ce sera la surprise! NAH !

"- Mais ! Ce n'est pas juste. Je ne l'ai pas dit devant tout le monde en plus. "

Oui, je m'inquiète un peu. Parce que je sais qu'il en est capable vraiment. Bon, je sais aussi qu'il est assez sérieux pour ne pas venir me chatouiller alors que cela pourrait se révéler dangereux mais je passe la majorité de mon temps entourée de pas mal de monde alors... Rien que d'y penser, je sens que mes joues se sont légèrement colorées. Heureusement qu'il regarde ailleurs, il ne profitera pas de ça.

"- Tout ça pour que je n'aille pas au hangar et que je reste avec toi, c'est ça, hein ? Pour être sure que ma 'punition' tombe juste entre nous... "

Bon, j'avoue que je ne sais pas si il a pensé à cela mais comme c'est un sale gosse, après tout. Mon sourire demeure alors que je soupire un peu, amusé. En plus, s'il fait ça devant tout le monde, cela risquerait aussi de leur mettre la puce à l'oreille, pour nous. Je sais que ce n'est pas vraiment un secret non plus mais comme personne n'est encore au courant malgré tout.

"- Sinon, tu risques d'avoir besoin de ta médaille en chocolat."

- Je n'y avais pas pensé mais c'est une merveilleuse idée! Avoues, tu viens de dire ça pour que la sanction tombe dans très longtemps et que tu puisses rester toute la journée avec moi en ayant une bonne excuse?

Je ne prendrais même pas la peine de répondre, ça n'en vaut pas la peine. En plus, avec son sourire, c'est évident qu'il en profite. Et tant pis, j'irais quand même travailler dans les hangars. Je ferais seulement attention à ne pas le laisser me coller de trop près. Au pire, c'est encore lui qui boudera parce que je ne suis pas assez proche. A force, ce n'est pas comme si je commençais à avoir l'habitude. J'ai juste véritablement horreur des chatouilles, ça n'a vraiment rien d'agréable, c'est tout.

- A ce sujet...
Il y a déjà un grand gagnant?

"- Ah bon? Qui est-ce, et depuis quand? "

- Hier matin... Avant que tu n'ouvres les yeux... Ton père est venu dans le dortoir. Il se demandait pourquoi tu n'étais pas encore debout et craignais que tu ne sois pas bien. Du coup il nous a vu et... Quand je me suis réveillé il avait déjà remarqué ton bracelet et...
Il a compris, il sait. Il aura sa médaille en rentrant à la Capitale, ici avec les températures ça va fondre en deux minutes.

Mon père est au courant? Mais non, je ne suis pas d'accord. En plus, je ne m'en suis même pas rendue compte. Par contre, je comprend mieux la chanson de l'étoile qui me trottait dans la tête. Je voulais le lui dire moi-même, dans quelques jours. Je n'ai plus de cadeau d'anniversaire maintenant. Après, je crois que ça ne m'étonne même pas tant que cela en fait. Mon père a toujours tendance à rapidement savoir ce qui touche à la famille alors... Au fond, je suis contente que ce soit lui le premier à le savoir.

- Notre petit secret n'aura pas tenu longtemps alors j'espère que tu n'as pas changé d'avis.

"- Si, j'ai changé d'avis.
Lui, il ne mérite pas une médaille en chocolat !"

Déjà parce que c'est mon père et que ce n'est pas drôle que ce sois lui qu'il l'ait découvert en premier, encore moins comme ça, sans même que je ne le sache. Et puis parce que le fait que ce soit lui qui le sache revient au même que si personne n'était au courant. Je sais qu'il ne dira rien, à part peut-être à ma mère mais pas avant de rentrer au Royaume alors même elle n'en saura rien avant un moment.

"- On peut dire que notre secret n'est pas découvert. Alors, il faudra remettre la médaille en chocolat en jeu, pour la personne qui découvrira pour de vrai que nous sommes... fiancés...."

Oui, j'ai un peu buté sur le mot. En fait, je réalise que je ne l'ai encore jamais dit à voix haute. Evidemment, je suis devenue rouge de la tête aux pieds mais comme je suis revenue enfouir ma tête contre son épaule, il ne le verra peut-être pas. C'est idiot, je sais que j'ai dit oui et je ne compte pas revenir dessus mais le dire pour de vrai, eh bien, ça me fait quelque chose.

- D'accord, elle est donc remise en jeu sur ordre de ma fiancée. En tout cas il avait l'air ravis pour nous, tu devrais aller le voir quand tu auras une pause... ... ... Ça te fait rougir à ce point de le dire?

Ca, je n'en doute pas qu'il doit être ravi. Même si j'aurais bien aimé le voir par moi-même. Enfin, j'aurais surement un nouvel aperçu de tout cela quand j'irais le voir. En attendant, il a vraiment besoin d'une réponse à sa question? Pas que cela soit évident mais tellement en fait. Oui, je suis littéralement devenue pivoine et je me suis dissimulée de mon mieux avant de me taire. Je tente de rester ainsi blottie contre mais lui fait exprès de m'en empêcher.

- Redis-le encore chérie. "Nous sommes fiancés."

"- Alors, pas de chatouilles. "

Quoi? Oui, je négocie comme je peux. Après tout, ce ne sera pas un si terrible effort pour lui alors il peut bien accepter ça. Je n'ai pas vraiment décolorée et ma gêne est toujours palpable mais je souris aussi. Et finalement, je n'attend pas sa réponse. Je ne lui ai pas demandé son avis au fond alors, je respire et je me lance.

"- Nous sommes fiancés"

Le dire en plus en le regardant en face me fait violemment frissonner. Cela n'a beau être qu'un mot, j'en connais peu capables d'avoir autant de force ou de poids. Bêtement, j'ai du retenir mon souffle sur le coup mais je l'ai dis. Il va vraiment falloir que je m'y fasse par contre parce que là, je dois être ridicule.

"- Je suis ta fiancée..."

Non, ce n'est pas plus facile comme ça en fait. Je crois que peu importe l'ordre de mes mots, c'est son sens profond qui me fait ainsi réagir. Maintenant, je ne suis plus seulement sa compagne. Je suis sa promise.