Njüt parait un peu calmé à présent alors je demeure simplement assise à côté de lui, tandis que le petit reptile vient déposer sa tête sur mes genoux en couinant un peu. J'aimerais pouvoir le rassurer davantage mais je n'y parviens pas. Parce que moi aussi je suis inquiète. Enfin, je me met à chantonner doucement alors que le dragonnet ferme un peu les yeux. Oui, c'est ça, repose-toi. Dors même. Comme ça, à ton réveil, elle sera revenu. Je devrais peut-être faire pareil?

- Mais qu'est-ce que ...

La secousse a été franche et assez forte mais déjà, le vaisseau retrouve sa stabilité et rien ne semble avoir changé. Ce doit être lié aux combats, il ne faut pas s'en faire. Ici nous sommes à l'abri. Je me suis malgré tout un peu agrippée à Njüt qui a rouvert les yeux, se montrant soudain bien plus attentif. Il renifle l'air et ses oreilles se remettent à vibrer de façon clairement visible. Comme s'il avait entendu quelque chose. Comme il se redresse, je le relâche un peu, l'observant avec curiosité avant que...

" G G G R R R A A A O O O N N N ! ! ! "

GRAON !

Déjà, Njüt s'est relevé et vient mordre ma manche pour me tirer avec lui en direction de la porte de la salle. Oui, j'ai compris, laisse-moi juste le temps de me lever et...

Hauts-parleurs du vaisseau:
- Conseillère Naoki, nous aurions besoin de vous sur la passerelle. Un certains dragon vert vient... de se poser sur nous. Il me semble que vous le connaissez bien.

"- Pardon ? "

Le Grand Dragon Vert est là? Mon regard croise celui de Njüt qui ne me lâche pas. C'est toi qui as fait ça ? Enfin, maintenant que je suis debout, je me presse en direction de la passerelle, le petit dragon nous ouvrant la voie en filant à toute allure. Il va drôlement vite en tout cas et à peine avons-nous rejoint la passerelle que ce dernier est revenu collé son nez à la vitre, après avoir grogné un coup ou deux, comme pour saluer son grand frère. Bon, il est sage alors pour commencer, rejoindre le Commandant Tajiri.

"- La secousse, c'était lui ?"  

- Affirmatif.

Je viens jeter un oeil rapide sur les données de base du vaisseau, qui restent correcte bien s'étant clairement affolées. Par contre, il semble y avoir un souci au niveau de transmission des données satellites. Pourquoi? Ce n'est vraiment pas le moment, nous en avons trop besoin pour que ces installations nous lâchent maintenant. Les antennes et radars sont toujours notés opérationnels pourtant et... Ça y est, j'ai compris.

"- Ne restez pas assis là ! Il faut que vous reculiez, d'un grand pas. Les antennes ne peuvent recevoir aucun retour, vos pouvoirs doivent brouiller les signaux. Faites vite, sans eux nous sommes comme aveugle. "  

Les hauts parleurs extérieurs activés, je suis déjà en train de venir pianoter sur les tableaux de commande pour chercher à faire revenir les liaisons. Elles ne peuvent pas nous lâcher maintenant. J'ai pris la place du Commandant pour le coup? Je m'en soucierais plus tard, il faut absolument rétablir les connexions satellites, de toute urgence.

Un étrange silence tombe sur la passerelle alors que le dragon vient observer ses pattes avant de les reculer doucement. Et comme je m'en doutais, déjà les connexions se remettent en place et voilà que les liaisons se rétablissent d'elle-mêmes. Vite, faire le tour de toutes les communications pour s'assurer que rien d'important n'a été manqué et que les fréquences sont demeurer intactes avant de relancer les hauts parleurs quelques instants.

"- Merci, c'est parfait ainsi. "

Je peux sentir les regards peser sur moi mais je ne m'en soucie guère. Je préfère m'assurer que les caméras et autres antennes n'ont pas souffert non plus de son atterrissage mais heureusement, rien n'est touché. J'en suis soulagée et déjà, nous voici de nouveau complètement revenu au coeur de la bataille.

- Nous venons de recevoir un message du général Shinya. L'Empereur de la Cité est décédé durant la bataille, leur troupe risque d'être embrouillée le temps de recevoir de nouveaux ordres. Le flux d'insecte étant interrompu il ne reste qu'à repousser les derniers.

Le Dragon Vert rugit de temps à autre, assurant notre sécurité face aux derniers insectes encore présents autour du vaisseau tandis que je digère la nouvelle. Je ne connaissais pas cet homme mais cela veut dire que la Cité est actuellement livrée à elle-même. Et Kougami était parti en direction du Palais alors oui, je m'inquiète. Et je sais que je ne suis pas la seule. Il me suffit de voir comment Njüt est de nouveau le museau collé à la vitre, cherchant des nouvelles de sa pilote.  

- Les MS ayant attaqués le nid sont sur le retour. De même pour le Strike-Freedom de sa Majesté.
- Parfait, ouvrez nos hangars.

Un profond soupir m'échappe alors que je quitte les postes de commandement pour revenir m'approcher de Njüt. Le petit dragon fouille le ciel du regard avant de repérer la machine orange vif de la Magius, ce qui lui tire un couinement joyeux. De la découvrir suivit de près par le Kagerou vient aussi me tirer un sourire alors que je viens doucement lui caresser le crâne. Tu vois, je te l'avais dis. Ils vont revenir, tous.

Mais qu'est-ce que c’est que ça? On dirait... des paroles mais... J'ai du mal à en saisir le sens. La voix me dit quelque chose, le ton surtout. On dirait celle... du Dragon Vert? Je reste trop surprise pour réagir et viens fixer le dragonnet dont les yeux brillent étrangement. Attendez, est-ce que cela pourrais être... un pouvoir? Si le Dragon est capable d'ouvrir cette dimension étrange, peut-être que Njüt aussi?

Ni-out. Niout niout !

"- Oui, j'ai compris. On va y aller.
Commandant Tajiri, je vais me rendre aux hangars avec Njüt. Je reste en contact par radio si jamais vous avez besoin de moi."

Tu peux lâcher ma manche, c'est bon. Oui, j'arrive mais doucement. Le Commandant acquiesce et vient noter la fréquence de la radio de Carl avant que je ne quitte la passerelle précédée par le petit dragon qui sautille presque, venant faire des allers retours devant moi pour me faire accélérer. Non, doucement. Laisse-leur le temps d'arriver. Ne t'en fais pas, ils sont rentrés maintenant alors, tout va bien.

"- Tiens, c'est à toi. Va lui rendre, cela lui fera plaisir. "

Nniioouutt.

Je viens lui rendre le morceau de coquille qu'il vient saisir entre ses dents avec une étonnante délicatesse avant de venir se jeter à travers les hangars à toute allure en direction du Ghirarga. Alors que mon regard chercher une autre machine. Celle de Reed déjà mais aussi et surtout, le Strike Freedom.

Le Strike Freedom vient d rejoindre les hangars et ma première réaction est de soupirer de soulagement. Sa machine est entière et semble en très bon état, c'est déjà rassurant. Enfin, je trouve. Car je ne rate pas l'état de certains MS qui parviennent à rejoindre les lieux, passablement abîmés par les attaques des insectes. Njüt à retrouver le lieutenant et lui fait la fête alors qu'une équipe de mécaniciens vient commencer à s’atteler à réparer les machines les plus touchées.

Ma présence ne passe pas inaperçue et je suis rapidement interpellée pour venir aider aux réparations. Evidemment, je viens rejoindre les équipes en place, venant faire rager mes gardes du corps en commençant à grimper sur le premier mécha à portée, sans la moindre sécurité. Nous n'avons pas le temps pour cela si nous voulons parvenir à maintenir ce bras en place. Seul la partie supérieure est arrachée alors, avec un peu de chance, nous pourrons sauver ce dernier. N'avoir à faire qu'une grosse réparation sera toujours mieux que de devoir refondre un bras entier.

Les câbles principaux doivent être renforcés et des dérivations sont posées pour parvenir à maintenir la machine en route sans avoir à utiliser ce membre. Voilà, comme ça. Venir immobiliser ce dernier afin d'empêcher les dégâts de s'aggraver et soulager l'épaule de ce poids trop important et mal réparti. Ensuite, parvenir à équilibrer de nouveau l'armure mobile et comme ça, les réparations pourront se faire en toute sécurité. Je suis à moitié immergée dans la plaie béant, terminant de déconnecter les derniers circuits non indispensable lorsqu'une voix résonne assez fort pour me tirer même de mon mode 'lutin'.

KALICKO !

Relevant la tête aussitôt, mon regard chercher l'origine de ce cri et c'est sans mal que je repère Reed au pied de la machine. Et ce que je vois depuis ma position ne me rassure pas. Il est tellement pâle, j'ai presque l'impression de l'entendre respirer difficilement d'où je suis. Sa machine ne semblait pourtant pas mal en point. Je suis déjà en train de rejoindre la passerelle amovible en courant, pour rejoindre mon frère au sol au plus vite, passablement inquiète. Ses traits sont tirés, il est épuisé, c'est évident. Et j'avoue qu'une seconde, je manque de paniquer en croisant son regard en arrivant à sa hauteur. Il semble terrifié et cela en presque contagieux. Mais pourquoi ?

Ton harnais,... où est-il ?  

"- Hein? Euh... Eh bien... "

Sa voix est devenue limite froide et basse, comme grondante. De sa part, c'est tellement surprenant que sur le coup, je ne trouve rien à lui répondre. Un instant, je baisse les yeux avant de revenir à lui aussitôt. C'est lui qui vient de se battre, d'affronter la mort et visiblement, il n'est pas dans son état normal. Mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche. /SBAFF/

Un instant, le monde entier semble suspendu. Nos regards se croisent, le mien complètement perdu, rempli de question alors que le sien d'abord dur et agressif se met déjà à briller et à se remplir d'eau, venant me couper le souffle alors que j'en frissonnerais presque.

Non mais ça va pas la tête? Qu'est-ce qui t'as pris? C'est un dragon, bordel ! Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ? Si tu veux engueuler quelqu'un vas-y, fais-toi plaisir. Mais pas ce genre de bestiole, bon sang. Tu imagine un peu si... Il aurait pu... Rhaaaa !!!! Espèce d'...

Jamais je n'avais vu mon frère dans un tel état et pour le coup, cela me fais bien plus mal que cette gifle qu'en fait, je ne sens déjà plus. Mais devant ce déferlement, je suis tout simplement incapable de savoir comment réagir. Encore plus lorsqu'il vient soudain me serrer dans ses bras violemment, venant me couper la respiration un instant avant que je ne sente ces soubresauts étouffés qui se propagent contre ma peau. Il pleure ?! Oui, vraiment. Et de réaliser que cela est de ma faute, je viens m'accrocher plus franchement à lui également, manquant de sangloter à mon tour.  

Ne me refait plus jamais ça ! Pas une telle frayeur. Je t'en prie...

"- Je suis désolée... je ne voulais pas... Je..."

Je sais.

Sa voix qui manque de se briser est une véritable douleur à mes oreilles. Pardon. Je m'excuse, sincèrement. Je peux le sentir trembler de tout son corps alors que ses doigts se desserrent un peu pour venir simplement passer dans mes cheveux, comme pour s'assurer que je suis bel et bien là. Oui ne t'en fais pas. Je n'ai rien, tu es rentré et les combats sont terminés. Alors, tout va bien, n'est-ce pas ?