- Hm, au lit.

Etant déjà en pyjama pour ma part, je viens me glisser sous le drap le temps que Kougami finisse de retirer ses affaires. Je trouve amusant de voir le soin qu'il prend à ranger correctement son pantalon alors que le reste est simplement balancé. Mais déjà, il me rejoint dans le lit et je viens aussitôt me caler contre lui. Juste dans ses bras.

- Ils vont surement finir de charger l'Archangel ce soir et décoller pendant la nuit alors demain... Pas besoin de se presser, repose toi, tu as besoin de récupérer tu n'as pas dormi assez la nuit dernière.
Demain je te monterais la carte... Elle est dans ma veste...

"- Toi aussi, repose-toi bien surtout."

Je serais curieuse de voir la carte mais cela peut attendre largement jusqu'à demain. Ses doigts venus se perdre sur ma peau me font légèrement frissonner alors que j’étouffe un bâillement léger. Je lui rend son baiser en souriant doucement avant de laisser ma tête reposer contre la sienne.  

- Bonne nuit ma Lily adorée.

"- Fais de beaux rêves, Kougami."

Je viens fermer les yeux en laissant mon souffle se caler sur le sien. Il devait vraiment être épuisé pour s'endormir aussi rapidement. De mon côté, je veille un peu, laissant mes doigts passer de nouveau dans ses cheveux, qui ont repris une allure habituelle. Et si je devine le décollage de l'appareil imminent, je m'endors avant que ce dernier ne soit effectif. Bercée par le ronronnement lointain des moteurs et à l'abri de ses bras, je me repose enfin, dormant profondément et calmement.

La nuit fut calme et mon sommeil profond et reposant. Je peux vaguement sentir que le vaisseau est en vol mais je crois que la fatigue accumulée refuse de me laisser émerger encore. Je peux sentir vaguement comme un contact contre ma main et sur ma joue mais cela ne suffit pas encore à me faire ouvrir les yeux.

Finalement, ce fut en percevant vaguement comme du bruit venu du couloir que je finis par forcer sur mes paupières. La lumière est déjà allumée? Il est donc déjà réveillé. Et en effet, mon regard encore un peu ensommeillé ne peut rater le sien déjà bien ouvert. Un léger bâillement étouffé, je viens sourire doucement, revenant un instant me caler contre lui. Il a l'air reposé, c'est bon signe.

"- Rassure-moi, cela ne fait que 5 minutes que tu m'attends, hein?"

Non parce que là, je me pose la question. Sans fenêtre, je n'ai pas le moindre repère quand à l'heure qu'il est et je le crois capable de m'avoir laissé dormir toute la journée. Rien que pour ne pas avoir à sortir de la cabine sans risquer de provoquer une flopée de rumeurs sur notre compte.

"- Tu as bien dormi? "

- Je ne sais pas, je n'ai pas l'heure.
C'est grave si ça fait plus de cinq minutes?

"- Pas si tu as pu te reposer.
Tu as bien dormi?"

- Oui, très bien, et toi? Tu as encore mal à la cheville?

"- Hum, on ne dirait pas."

Honnêtement avant, qu'il ne m'en parle, je l'avais oublié. Je viens remuer doucement le pied pour voir et je ne ressens pas de douleur ni rien de ce genre. Il ne s'agissait donc bien que d'une petit foulure. Parfait, je n'aurais plus rien en arrivant.

- Je voulais aller te chercher un petit-déjeuner mais... Je pense que Carl est déjà devant la porte. On va devoir faire comme hier... Mais je n'ai pas envie.

"- Si le Commandant Léo ne se montre pas, l'équipage va certainement le chercher. Et puis, tu pourras voir avec les équipes ce qu'ils ont déjà récupéré. Mine de rien, le déplacement de l'Archangel aura été bien rentabilisé. "

Je reste blottie contre lui, pas tout a fait décidée à me lever encore. Allez, ce n'est plus que pour une journée. Une fois rentré au château, il n'aura plus besoin de se cacher mais en attendant, nous n'avons pas d'autre choix. Et finalement, cette idée me fait doucement sourire en fait.

"- En fait, on a juste inversé les rôles. La dernière fois, c'était moi qui demandais que cela reste secret. Cette fois, c'est toi qui te cache. Chacun son tour."

Dans les cas, nous sommes tous les deux au courant là ou le reste du monde ou presque ignore la vérité. Je me demande ce que cela sera la prochaine fois que nous monterons ensemble à bord de ce vaisseau. Tous les deux incognitos? Enfin, trois coups résonnent à la porte, légers et réguliers. Bon, il est tard et Carl vient aux nouvelles. Je grogne un peu avant de venir me redresser. Déjà 9h, il va vraiment falloir que je me lève. Et lui aussi. Alors je viens m'étirer pour me forcer à finir de me réveiller.  

- La prochaine fois... On fugue et on monte tous les deux à bord dans le plus grand secret! Le premier qui se fait chopper par l'équipage a perdu!

"- Tu es sur de gagner, tu as trop l'habitude de faire ça. Je refuse."

- Tu ne vas pas voir qui c'est? Il faut que je me cache dans la salle de bain?

"- Non, c'est seulement Carl qui me signale qu'il est 9h passé. Un code que l'on a mis en place pour que je l'entende même absorbée dans des réparations ou autre. "

Mine de rien, il est mon garde du corps attitré alors autant qu'il sache comment faire pour que je reste attentive à ces messages même si je suis complètement prise par autre chose. En mécanique, l’ouïe étant très sollicitée, ce genre de bruit particuliers est forcément repéré. Alors voilà.

"- Après, pour la salle de bain, il faudra que tu t'y caches le temps que je sorte, oui. Et il va être temps que j'y aille quand même. j'en connais qui vont encore râler que je saute des repas sinon.  "

Alors, je viens me glisser hors des draps avant de venir m'avancer vers le bout du lit et me lever. Bon, ça tire un peu en me mettant debout mais cela ne dure pas, je ne boite même plus. C'est juste le changement de position en fait. Alors, je récupère mes affaires pour aller m'habiller.

"- Je peux la prendre un peu ou tu préfère monopoliser la salle de bain jusqu'à ton départ?"

- Ah parce que vous avez des codes?

"- Plus un signal. Mais oui, c'est pratique. Comme pour hier, savoir qu'il n'était pas encore en poste. "

Non, ce n'est pas qu'une simple impression, il boude vraiment pour ça. Pourtant, il devrait être rassuré. Comme ça, il rempli vraiment son rôle de Garde du Corps. Enfin, il va être grand temps de se préparer maintenant. Alors, je viens sortir mes affaires de mon sac tandis que lui soupire comme un pauvre malheureux alors que je m'arrête pour savoir ce qu'il préfère pour la salle de bain.

- Rm, j'ai toujours rêvé de me cacher dans une salle de bain.
Mieux, on partage!

"- Dans ce cas, tu ne risques pas d'avoir besoin des tes affaires? Pour t'habiller, ce serait mieux, non? "

Bon, j'ai légèrement rougi quand il est revenu me prendre dans ses bras mais je continue de sourire. Ce n'est pas sérieux, vraiment. Pourtant, je m'attarde quelques instants tout contre lui malgré tout. Je profite de Kougami avant que le Commandant Léo ne reprenne sa place, le temps de rentrer au Royaume.

"- Si je traîne trop, Reed va venir me chercher... "

Et le pire, c'est que je ne raconte même pas d'histoire. Et je préférerais éviter ça. Alors doucement, je me dégage de son étreinte à contre coeur avant de filer à la salle de bain pour me rafraîchir un peu et venir m'habiller. Voilà, je serais plus présentable ainsi. Et lui aussi. Mais avant qu'il ne remette son casque, c'est moi qui revient me blottir un peu contre lui. Juste comme ça.

"- Je vais y aller, maintenant. Passe une bonne journée quand même.
Et bon courage au Commandant Léo. "

Oui, je vais surement le croiser mais ce ne sera pas vraiment lui. Bon, il est vraiment temps que je file par contre. Je m'assure juste que la porte de la salle de bain soit bien fermée avant de sortir. Carl commençait à s'inquiéter mais semble soulagé de voir que ma cheville est parfaitement remise. Et sans me demander mon avis, il m'accompagne en direction du self dans des couloirs presque vides, la plupart des membres d'équipages étant déjà à leurs postes. Oui, je vais manger, j'arrive.

Mon petit déjeuner avalé, je viens discuter quelques instants avec le Commandant Tajiri. Le chargement s'est bien passé mais oui, il faudrait revenir prochainement pour récupérer tout ce qui se trouve d'encore exploitable dans le coin. Une équipe est encore sur l'inventaire de ce qui se trouve en soute alors, je vais les rejoindre pour avoir un meilleur aperçu. Oui, il y a de quoi faire, les mécaniciens du Royaume seront ravis.

Nous passons une bonne partie de la matinée à mettre au clair l'inventaire de notre cargaison avant que je ne vienne m'occuper du 1.5. L'entaille est quand même sérieuse et la caméra principale risque de lâcher sous peu alors déjà, outils en main et passerelle en soutien, je viens m'affairer autour de cette réparation. Mais déjà, une voix perce à travers le hangar interne alors que le Commandant Léo arrive à ma hauteur avec mon déjeuner en main.

- C'est l'heure de la pause conseillère. Vous vous mangez dehors, et moi je mange dedans.

"- Entendu, Commandant. Bon appétit à vous. "

Je me doute bien qu'il aurait préféré mangé avec nous mais ce n’est pas possible. Je viens donc descendre de la machine pour rejoindre le reste de l'équipe et déjeuner avec eux. Les mécaniciens échangent sur un souci de pénurie de câbles porteurs et je ne peux que reconnaître que cela pourrait retarder bien des réparations mais nous en avons en quantité dans ce nouveau chargement alors cela devrait aller. Et notre repas terminé ainsi que le Commandant sorti de son cockpit, nous reprenons chacun notre poste. Allez, au boulot !

Je ne pourrais pas réparer sa machine avant d'arriver mais au moins, je m'assure de fixer et de renforcer la liaison de la caméra afin que sa machine ne finisse pas aveugle. Au moins comme ça, elle demeurera fonctionnelle. Assistée de 2 mécaniciens, nous parvenons aussi à réduire un peu les risques d'échauffement du fait que le revêtement soit actuellement abîmé.  

- Des motivés pour un petit entrainement? Caporal Naoki, vous vous êtes obligé d'y participer, punition pour la scène du hangars hier.
Vous êtes prêts à en baver?

Evidemment, en entendant cela, je viens lever la tête de mon travail pour voir que déjà plusieurs pilotes sont venus se joindre à la fête. Certains viennent interroger Reed, au sujet de cette 'scène' dont personne n'est au courant. Il ne leur cache pas que pour me faire une blague, il a agité une main de squelette sous mes yeux alors que j'étais absorbée par la découverte d'une machine. Et si cela tire au moins un sourire à la plupart de ses camarades, la légère grimace qu'il m'offre en croisant mon regard en dit long. Il sait qu'il va galérer, là.

"- Bon courage à tous."

Juste un petit mot d'encouragement avant que je ne revienne à ma réparation. Qui ne va plus beaucoup avancer au final car je reste curieuse. Un entrainement de pilote, je me demande à quoi ça ressemble. Je serais bien venue essayer de suivre aussi un peu l'entrainement, juste pour voir, mais ce ne serait pas une bonne idée. Alors, je me contente d'observer le tout depuis la tête du 1.5.

En tout cas quand il lance un entrainement, il ne fait semblant. Je suis le tout un peu en dilettante, notant les exercices, en observant un passé avant de me contenter des commentaires qui montent jusqu'à nous. Les soldats qui discutaient beaucoup au départ commencent vite à choisir d'économiser leurs salives en voyant que la difficulté augmentent de plus en plus. Le coup de la corde me rappelle des souvenirs, lors d'une fugue imprévue, et je rigole doucement en voyant que certains accumulent les erreurs pour forcer le Commandant à faire toujours plus de pompes.

Et les pauvres ne sont pas près d'être laissés tranquille. C'est qu'ils y vont fort, enfin à mes yeux. Enfin, les pauses sont courtes, les exercices s'enchainant à un bon rythme. Pour le coup, ça ne discute plus dans les rangs, histoire de garder du souffle. Et les voilà qui partent au pas de courses traverser les couloirs. Nous les laissons donc disparaitre avant de revenir à notre réparation mais nous guettons malgré tout les retours. Des soldats commencent à revenir, pour souffler un peu. Oui, il sème ses élèves, carrément. Reed doit parvenir à le suivre encore, il ne fait pas partie du lot.

Et une fois tous revenus de leur course, voici que l'entrainement reprend, en mode combat cette fois. Et ils ont beau tous essayés les uns après les autres, pas un n'arrive à mettre à mal le Commandant Léo. Bon, il triche un peu, je suis certaine que son Code l'aide quand même pas mal, mais toujours est-il que du coup, il reste invaincu et de loin. Ce qui force l'admiration malgré tout. En tout cas, mon frère ne fait plus le malin, visiblement plus que passablement fatigué. Mais il a tenu jusqu'au bout. Enfin, je doute que cela lui ai vraiment servi de leçon pour autant.

- Vous êtes toujours en vie?
- Comment vous faites pour l'être commandant?
- Je m'entraîne tous les jours. Allez, on fini sur une dernière série d'exercice, doucement mais surement, vous allez y arriver.

Doucement, hein? Personnellement, j'avoue ne pas trop le voir depuis mon point de vue, ce mot-là. Mes assistants du jour sont bien contents de ne pas être pilotes pour le coup et j'avoue que moi aussi. Nous revenons nous concentrer davantage sur la protection de fortune que vous cherchons à appliquer sur l'entaille, histoire de protéger la mécanique interne de la machine des poussières d'un vol afin de ne pas avoir à nettoyer en prime l'intérieur avant de réparer le reste. Et la fin de l'entrainement sonné, mon frère se laisse tomber allongé au sol le temps de souffler un grand coup, imité par plusieurs autres soldats.  

- C'est pas humain, ça. Même une machine ... aurait lâché avant la fin. Il a forcément... un truc, je sais pas.
Bien sûr qu'il en a un. T'as pas encore .... compris ce que c'est?
- Bah vas-y, je t'écoute... monsieur le petit rigolo!
Voyons, c'est évident... C'est les dégâts du... célibat prolongé. Entre ça et le casque... Il compense à sa façon, le pauvre...
- Ahahaha !!! Mais tellement ! En tout cas, il en fait de l'exercice. Plus que nous du coup...
Je préfère être bien accompagné, ... si tu vois ce que je veux dire.

Mon Dieu, dites-moi que je n'ai pas entendu ça. En tout cas, tous les soldats autour de lui se passent le message et rigolent en choeur tous ensemble. Evidemment, les mécaniciens avec moi en rajoutent aussi alors que j'essaye de me faire la plus petite possible pour ne pas avoir à participé à cette conversation. Mais c'était sans compter sur mon frère qui évidemment, vient en rajouter encore un peu.

C'est le lot de tous les 'petits génies'. Ca excelle dans un domaine en particulier mais pour le reste, ils ont un peu de mal à suivre parfois.
Très chère petite soeur Conseillère-Ingénieure, votre avis sur la question ?
"- Je suis occupée, là...."
Qu'est-ce que je disais, hein?

C'est bon, je peux en revenir à ma réparation, là? Evidemment, j'ai un peu changé de couleur alors que les pilotes pouffent plus ou moins de rire devant les mimiques accompagnant la remarque de mon frère. Et puis, chacun s'empresse d'aller reprendre son poste. La pause est finie et il y a encore fort à faire. Enfin, il n'était pas obligé de m'inclure de nouveau dans ses histoires. Bon, maintenant que le calme est revenu, je vais peut-être pouvoir avancer un peu de nouveau.