- Hm, il est bientôt 8 heures.
Hm. Bien. Et toi?

"- Aussi..."

Je ne me souviens même pas m'être endormie et rien n'est venu ne serait-ce qu'effleurer ma conscience durant mon sommeil. Je ne sais pas encore si je peux vraiment parler de sommeil réparateur mais cela m'a fait du bien, même si je sens bien que ce n'est pas suffisant, mon corps réclamant davantage de repos. Mais comme j'ai pu dormir cette nuit, je sais que je pourrais y arriver de nouveau alors je ne m'en fais pas. Par contre, je suis obligée de venir m'excuser auprès de lui. Pour mon état d'hier.  

- Chuuut, tu n'as pas à l'être.
Cinq minutes? Le temps que notre petit-déjeuner arrive?

"- D'accord."

Vu comme je peine encore à émerger, ce n'est pas moi qui vais me plaindre de venir profiter d'encore un peu me reposer. Son nez qui vient trouver le mien tendrement, ses lèvres qui s'approchent sans terminer leur course, son corps qui se blottit un peu plus contre le mien, sa main qui caresse mon dos. Non, je n'ai pas envie que cela cesse. Je suis bien ici, juste avec lui, simplement calée dans ses bras. A l'abri de tout et de tous.

- On peux faire cinq minutes chacun? Pour atteindre les dix...? Je n'ai pas envie de te lâcher.

"- Moi non plus. "

Même dans la pénombre, je peux sentir mes joues chauffer légèrement sous cet aveu. Je sais qu'il a encore beaucoup à faire avec les derniers événement mais en cet instant, j'ai réellement envie de me montrer égoïste. Juste quelques minutes de plus. Mes doigts viennent doucement passer dans ses cheveux alors que mon front trouve le sien, venant s'y caler doucement comme pour me rapprocher encore un peu. Je peux sentir son souffle si proche du mien et sa proximité m'apaise plus que je ne saurais le dire.

Un instant, mes lèvres viennent même voler les siennes, de mon plein gré. Simplement parce que j'en avais envie. Besoin peut-être aussi d'une certaine façon. Pour m'assurer que quoi qu'il se soit passé, rien n'a changé pour nous. Ni ça, ni rien d'autre. Ce qui me pousse à mettre fin à ce baiser, pour venir répéter ses mots qui me sont si précieux.  

"- Je t'aime, Kougami "

- Je t'aime, Kalicko.

Ses mots me tirent un frisson aussi puissant que celui qui est venu le traverser juste avant. Oui, bêtement, je crois tout simplement que nous en avions besoin. De nous rappeler cette évidence, au delà des combats et même de la mort. Sa bouche revient conquérir la mienne que je lui offre avec une certaine avidité également. Alors que je sens ma peau déjà frémir sous le parcours de ses doigts, comme si son contact pouvait à lui seul effacer toutes les horreurs récentes dont je peine à me détacher.

- Majesté, votre petit-déjeuner est arrivé.
- On s'en fou, ça attendra.

Un sursaut m'a échappé au moment ou la radio s'est mise en route. Non, tout va bien. Pas d'urgence ni rien de ce genre. Et même si je ne peux m'empêcher de me dire que ce n'est pas sérieux de venir l'éteindre, je me sens aussi quelque part rassurée par son geste. Oui, ça attendra. Plus tard. Je ne veux pas qu'il s'en aille. Pas tout de suite.

Mon haut me parait avoir disparu comme par magie, m'étant complètement laissé guidée par ses bras. Ce contact peau à peau vient réveiller mon corps qui frissonne doucement contre le sien, me rendant étrangement avide de sa présence. Mes mains viennent passer sur ses épaules, cherchant à me rapprocher de lui alors que mon regard croise le sien, habité d'un éclat que j'ai du mal à lui reconnaître. Comme s'il y avait autre chose entre nous cette fois. Mais quoi ?!

- Je suis toujours tien, tu es toujours mienne?

"- Oui toujours.
Mon Roi..."

Excuse-moi. C'est ma faute si, aujourd'hui, tu doute de la sorte. Je ne voulais pas faire naître cette angoisse, encore moins chez toi qui est toujours si présent pour moi. Alors s'il te plait, permet-moi de réparer mon erreur. Laisse-moi te dire à quel point tu comptes à mes yeux et te faire oublier cette inquiétude dont je suis la cause. L'étau de mes bras se resserre contre sa peau alors que mes lèvres reviennent sceller les siennes en une danse aussi douce que brûlante. Pardonne-moi d'être aussi maladroite mais ne doute pas de cela. Jamais.

"- Mon dragon... "

Lentement, cette bulle qui nous a si parfaitement enveloppée vient se fendiller avant de finir par disparaître. Mes lèvres refusent encore un peu de quitter les siennes avant de céder à l'insistance de mes poumons en manque d'air, un peu à contre coeur. Mais tant qu'il demeure à mes côtés, je n'ai besoin de rien de plus. Mon corps revient de lui-même se couler entre ses bras, le coeur encore tambourinant alors que seules nos respirations viennent emplir l'atmosphère d'une mélodie à la fois douce et apaisante. Berçant nos coeurs le temps que ces derniers se calent sur le rythme plus tendre de cette dernière étreinte.

- Merci pour ce très agréable réveil, future madame Shinya.
Ne bouge pas, je vais chercher notre petit-déjeuner.

Je ne peux retenir ni le rouge qui monte furieusement à mes joues à sa première phrase ni le grognement légèrement dépité à l'évocation du petit déjeuner. Non, je n'ai aucune envie de manger maintenant. Par contre, je ne bougerais pas comme demandé. Parce que je crois bien que je serais capable de me rendormir en fait. Je peux entendre le Roi discuter avec Sam sans saisir réellement le contenu de leur échange avant que la porte ne soit de nouveau verrouillée et que Kougami ne revienne s'installer dans le lit.

- Petit-déjeuner au lit pour ma reine.

"- C'est vraiment obligatoire ?"

Oui, je sais. Mais avant de me décider à me redresser, je ne cache pas le bâillement qui m'échappe. Même si j'ai bien dormi, je sais que je ne suis pas assez reposée. Mais le monde ne s'est pas arrêté de tourner alors moi aussi, je dois me lever. Même si je n'en ai pas vraiment envie. Alors, on ouvre bien les yeux avant de venir s'asseoir à moitié, en restant cachée sous le drap. Il faisait meilleur contre lui.

"- Tu devrais peut-être... rallumer la radio. Juste au cas ou..."

Nous sommes toujours dans une zone de combat même si ces derniers ont cessés. Et puis, comme personne ne peut entrer, il faut bien que l'on puisse le contacter en cas de souci. Enfin, si je lui demande d'être raisonnable, il va falloir que je le sois aussi alors, même si je n'ai pas vraiment faim, je vais venir manger au moins un peu. Enfin, boire d'abord, pour préparer l'estomac. Avant de venir grignoter un bout de pain avec du miel. Voilà, c'est un bon début.

- Terminée?

"- Oui, merci."

Deux tartines finalement avalées, voilà qui devrait faire l'affaire pour la journée. Toujours calée contre Kougami, je finis également mon verre avant de le laisser venir déposer le plateau ailleurs. Maintenant, il va vraiment falloir que je me décide à me lever. Ou au moins à m'habiller un minimum. Certes mes cheveux sont longs mais pas assez pour me faire une tenue décente.

- Je dois aller à la Cité aujourd'hui, mon oncle pense que ce sera plus efficace si je viens en personne défendre notre idée de paix devant le Sénat. Qu'est-ce que tu souhaites faire de ton côté?

"- C'est une bonne idée. Tu pourras aussi leur faire part de notre trêve avec les dragons, comme l'un d'eux est aussi venu nous aider cela ne pourra avoir que plus de poids afin qu'il prenne cette donnée en considération. "

Après, ce que moi je compte faire? Honnêtement, je ne sais pas trop. Je sais qu'il y a bien assez de travail disponible dans le hangar du vaisseau avec le retour de nos unités mais la Cité doit aussi avoir besoin de soutien logistique. Peut-être que je pourrais voir pour aider aux réparations chez eux également. Bien que je me sente fatiguée, je ne me vois pas rester au lit sachant tout ce qu'il reste encore à faire.

"- Est-ce que tu aurais besoin que je fasse quelque chose en priorité, comme je suis la seule Conseillère sur place ? "

Des ingénieurs et mécaniciens, il y en a d'autres à bord de l'Archangel. Et je sais que je n'ai pas toujours le réflexe de penser à mon rôle de Conseillère, plus facilement attirée par le domaine de la mécanique alors, autant demander. Même si cette attaque est un véritable drame, si nous pouvons en faire sortir quelque chose de positif pour nous tous, tous ces morts n'auront alors pas été vains.