- Bien compris conseillère.

Tatsuya avançait à côté d'elle et de Zéros, droit vers l'entrée de Krisna.

- Mais s'il met des vies en danger je n'hésiterai pas à tirer. Notre mission est également de vous protéger.

L'entrée de Krisna était juste devant eux. Un soldat à pied les attendait.

- Bienvenue conseillère! Soldat! Suivez moi.

Et il les emmena vers l'une des quelques maisons de bois. Le général Mishima y avait fait installé son bureau sans se dire que ce lieu serait peut-être plus utile avec une autre fonction. Encore quelques pas et ils franchiraient la porte. A travers la fenêtre Tatsuya pouvait déjà voir le traître assis à son bureau, inconscient de ce qui l'attendait, un verre à la main, riant aux éclats avec un des soldats de Krisna.

C’est vrai que pour le coup, il leur fallait trouver rapidement une solution, un plan concret. Les soldats les avaient amené bien trop rapidement jusqu’à le plus haut gradé des lieux. En temps normal, c’était on ne peut plus commun, mais en l’occurrence, les deux soldats et la conseillère avaient espéré avoir un moment de diversion pour perdre du temps, ou plutôt en gagner. Tant pis, Alice réfléchirait plus rapidement, elle trouverait plus rapidement une solution, quitte à la modifier en cours de route. Rester plantés là leur jouerait des tours. Ils sembleraient bien trop suspects. Prenant son courage à deux mains, respirant un bon coup, elle se tourmenta avant de se lancer.

« Laissez-moi lui parler. Je crois avoir plus d’expérience que vous dans le domaine. Je ne suis pas conseillère pour rien. », elle prit une nouvelle pause. « Alors, laissez-moi lui parler. J’ai quelques ressources pour l’envoyer dans ses retranchements et je trouverai une excuse raisonnable pour votre présence, ce n’est pas bien compliqué. Je lui ferai cracher le morceau. Si quoi que ce soit tourne au vinaigre, vous avez l’autorisation de me défendre mais ne tirez que sur ses bras ou ses jambes, ne touchez aucun organe vital. », elle était claire mais tout de même un peu paniquée, dans le fond. Elle devait faire ses preuves.

Tatsuya se demandait si elle était consciente de ce qu'elle demandait! Ce n'était pas si facile que ça de viser dans des situations extrêmes et dangereuse. Il y a une menace, on tire, fin.

- A vos ordres. dit il tout bas pour ne pas attirer l'attention.

Mais il restait neutre et acceptait les ordres, au pire ça ne serait pas sa premiére boulette. Et puis, au vu de leur conversation la veille au coin du feu, Tatsuya suspectait Alice d'avoir une relation avec le roi.

* Et les poings du roi font mal, très mal. *

Shiba n'avait pas envie d'y goûter à nouveau. Entre tirer sans viser et laisser la conseillère y passer... le choix était donc vite fait.

Tatsuya et Zéros ne semblaient pas pleinement convaincus par le plan d’Alice. Et encore… c’était un doux euphémisme. Ils s’attendaient sûrement à un plan plus offensif, ce qui aurait été idéal à la Capitale-même, parce qu’ils connaissaient le territoire un minimum. Ils étaient à Krisna comme de simples touristes, même Alice ne reconnaissait rien. Mishima, lui, y était depuis un moment et pouvait donc se permettre de se vanter de connaître les lieux comme sa poche. Non, ce n’était décidément pas une bonne idée. Ils auraient pu le tuer directement mais ce n’était pas leur but. Ils devaient pouvoir accepter une autre façon d’agir, une façon plus diplomate. De temps en temps, c’est utile, ça fait ses preuves.

Une fois que Zéros eut poussé la porte, Alice pénétra dans la maison de fortune. Ce n’était pas très glorieux mais une cachette n’avait pas franchement de plus, surtout si ce n’était que temporaire. Tout était question d’apparences désormais. Il lui fallait paraître gentille pour mieux l’avoir dans sa poche. « Bonjour général Mishima. Cela fait longtemps qu’on ne vous voit plus lors des conseils. Pendant un instant, nous vous croyons enlevé ou tué. Le roi et les conseillers vont être ravis de vous savoir en excellente santé. », tu parles. Ils seraient surtout ravis de savoir qu’on l’avait retrouvé après sa trahison. Tuer des innocents sans raison, même à cause d’une révolte, c’était tout bonnement impardonnable. Pourtant, elle gardait ce sourire hypocrite.

Zéros ouvrit la porte, Alice entra, Tatsuya la suivit. elle commença à parler.

* C'est ça son plan !? *

Le général Mishima avait viré au blanc, surpris par cette entrée inattendue. Il se leva, quittant le siège de son bureau construit en express rien que pour lui par les militaires de Krisna. Il prit immédiatement son arme en main. - Conseillère Fujioka! Voilà une visite des plus... inattendue! En parlant de note roi, vous vous êtes disputés avec lui? Il est si protecteur à votre égard que je suis étonné qu'il vous ai laissé quitté les murs de la Capitale.

* Fais chié... dire que j'avais réussit à me débarrasser des deux soldats qui savaient pour ma trahison, voilà qu'il m'envoie une conseillère... *

- Vous devriez rentrer à la Capitale, tout ce passe bien ici.... inutile qu'une civile reste plus longtemps, le lieu n'est pas encore sur. Et puis vous et moi, nous avons le même rang... sauf que je suis général, et que cette ville est entièrement habitée par des militaires, je serai plus à l'aise.

* Elle n'a aucune preuve de ma trahison, ils me suivront! Elle n'a rien qui puisse la mettre au dessus de mon autorité! *

Tatsuya fixait l'arme de Mishima... L'ex-général jouait dans le jeu d’Alice, mais il n'était pas dupe.

Mishima avait levé son arme bien trop rapidement. Il devait avoir tout compris, c’était certain. Sinon, pourquoi être ainsi sur ses gardes à la simple vision d’Alice ? Finalement, cela ne servirait peut-être pas à grand-chose de continuer ce baratin plus longtemps. Il savait qu’il était en danger. Il savait que s’ils le ramenaient à la Capitale, c’était uniquement pour faire face au roi et à sa décision quant à sa survie ou non, en tant que traître et meurtrier. La jeune femme soupira, haussant les épaules par la même occasion. Elle aurait préféré pouvoir faire ça en douceur, mais il semblait bien trop à cran. Il ne s’imaginait sans doute pas qu’on le retrouverait, alors qu’il est retranché aussi loin de tout. Il s’était simplement trompé. Il les avait sous-estimés. Pourtant quelque chose irrita la conseillère. « Nos disputes ne vous concernent pas et je vous demanderais de garder ce genre de commentaires pour vous. Il sait qu’il peut me faire confiance et il est beaucoup plus attentif, désormais, à mes attentes… purement professionnelles. », pourquoi avait-elle rajouté ce détail en trop ?

« Maintenant, puisque vous semblez avoir compris pourquoi je suis ici, que diriez-vous de baisser votre arme ? N’avez-vous pas suffisamment tué déjà ? Des villages entiers ! Rendez-vous et aucun mal ne vous sera fait. », elle prit une pause, s’approchant doucement de lui, mesurant ses pas. « Oh et vous n’êtes plus ni membre du conseil ni général. Vous êtes démis de vos fonctions. Cela a pris effet dès que sa Majesté l’a prononcé devant le conseil en entier. Oh… à part vous, évidemment. Vous ne pouviez pas être au courant puisque vous n’étiez pas présent. », ce qu’elle pouvait se montrer sarcastique.

* Sale petite peste. *

- Quoi? Des villages entiers! Je suis un général pas un assassin!

Le soldat avec lequel Mishima riait avant l'entrée d'Alice, Zéros et Tatsuya ne savait plus quoi dire ni quoi faire. Trois de ses collègues, à l'étage, descendirent, attiré par le bruit.

- Le roi m'a envoyé ici pour gérer Krisna! Je ne suis pas un traître! Vous n'avez aucune preuve! Vous débarquez et vous m'accusez à tord!

Tatsuya mourrait d'envie de sortir son arme, il ne sentait pas du tout en sécurité.

- Soldats! Arrêtez les! La conseillère est entrain de trahir le roi! Elle veut me faire passer pour un traître et prendre le contrôle de Krisna!

Les quatre soldats habitués à être sous les ordres de Mishima depuis son arrivé dégainèrent leurs armes. Tatsuya fit de même.

Apparemment, Mishima n’était pas près de cracher le morceau. Il se faisait pour un bon général envoyé par le roi lui-même à Krisna. Ce n’était pas le cas. Non ! Alice le savait pertinemment. Elle était au courant de tout, peut-être même plus que n’importe qui puisque Kougami lui disait pas mal de choses en dehors du palatin. S’il savait pourquoi elle était là, il savait jouer la comédie. Néanmoins, seuls les soldats ne l’ayant vu que dans cette ville le croyaient aveuglément. Quoi de plus normal quand on n’a qu’un seul discours ? Pourtant, la jeune femme était persuadée qu’elle parviendrait à le ramener grâce à l’aide de Tatsuya et Zéros. « Je ne trahirai jamais le roi ! C’est le roi lui-même qui a envoyé plus d’un soldat contre vous ! C’est vous le traître, Mishima ! », elle le criait alors que des soldats les encerclaient déjà. Elle était prise au piège.

Et ça alla en s’empirant. À quoi pouvait donc jouer le caporal Zéros ? Était-il lui aussi un traître ? Quel beau gâchis. Alice se débattait comme elle le pouvait alors que les soldats tentaient déjà de la menotter. « Caporal Zéros ! Qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes devenu fou ! », c’était un véritable cauchemar. Apparemment, ils allaient rester plus longtemps que prévu au village-même.

Tatsuya cru halluciner.... Zéros les trahissait, de plus il avait retiré son casque et.... a genoux, Tatsuya jeta un coup d’œil derrière lui, voyant son visage.

* Cette tête... c'est le mec qui nous a accompagné jusqu'ici, comment est-ce possible? *

Était-ce ça le vrai visage de Zéros? Était-il possible que leur équipier se soit fait assommer et remplacer par un des hommes de Mishima sans qu'ils ne s'en rendent compte?

* A trois on pouvait les résonner mais à deux..... Bordel pourquoi il fait ça? *

Un coup de bluff? Peu importe, les hommes de Mishima ne savaient plus s'ils devaient bouger ou non. Zéros rejoignit Mishima et l'un ses soldats s’approcha pour menotter Alice. Tatsuya pointa son arme sur lui.

- Ça va pas être possible.

Le soldat recula pour éviter de se faire exploser le cerveau, cessant d'importuner la conseillère. Tatsuya se releva.

* Je n'échouerais pas! PAS CETTE FOIS! *

- Enfin un bon soldat! dit Mishima en regardant Zéros, il était tombé dans le panneau, reconnaissant le visage de l'un de ses "alliés", il se détendit et baissa son arme.

Tatsuya fit lever et reculer la conseillère contre le mur et se mit devant elle, servant de bouclier humain.

- Conseillère, si vous avez de quoi prouver que vous êtes envoyée par le roi ... c'est maintenant, murmura t-il. Je ne pourrais pas éviter le bain de sang dans le cas contraire...

Il prit en main son second pistolet. Les soldats de Mishima, tenus en joue à tour de rôle, n'osaient pas approcher.

Tout avait été bien trop rapide. Tout s’était bousculé. Ils avaient ouvert la porte de cette maison de fortune il n’y a encore que quelques minutes, alors comment tout cela avait pu se produire ? Alors qu’ils étaient trois alliés, l’un des caporaux venait de les tromper et Tatsuya se retrouvait désormais seul face à quatre, cinq, peut-être six soldats à la solde de l’ex-général Mishima. La situation n’était plus du tout entre leurs mains. À deux contre tant de soldats et un traître ayant encore trop de pouvoir sur des soldats loin de la réalité, c’était peine perdue, même elle, elle en était parfaitement consciente. En tout cas, c’était mal embarqué jusqu’à ce que Tatsuya réveille son esprit. Pourquoi n’y avait-elle-même pas pensé une seconde ? Le papier de Kougami suffirait à calmer les tensions et les esprits manipulés.

Si Zéros n’avait pas changé ses plans, une nouvelle fois, ça aurait été encore plus périlleux mais il lui suffit de se redresser, une fois les soldats hors de sa portée, et sortir le papier qu’elle avait glissé dans son pantalon. Pour une fois, le roi allait sauver sa belle et tendre à longue distance. « Je vais terminer de calmer les esprits, caporal Zéros. La prochaine fois, évitez-nous ce genre de frayeurs. », elle se rapprochait déjà du traître alors qu’elle parlait. « Mishima, j’ai le papier idéal pour vous prouver ma bonne foi. Je crois que vos chers soldats vont vous tourner le dos maintenant qu’ils ont la preuve qu’il leur faut. », je tendis le papier en leur direction, histoire qu’ils le voient très clairement.