Dans le véhicule qui me conduit jusqu'à l'Archangel, je reste silencieuse, me repassant encore une fois le programme de ce voyage. Pour tout le monde, ce ne sera qu'une mission de routine, un test de plus pour le vaisseau parfaitement opérationnel. Mais je sais aussi ce qui se cache derrière ce déplacement et du coup, je ne suis pas totalement sereine.

Arrivée à destination, je laisse Carl récupérer mes affaires tandis que je suis accueillie par le Commandant Tajiri. Ce dernier est ravi de me revoir et nous profitons que le vaisseau soit encore au sol pour échanger quelques informations à son sujet. Ce dernier se comporte bien et les derniers réglages se sont révélés bénéfiques.

Je laisse Carl s'occuper de déposer mon sac alors que déjà je suis escortée en direction du coeur de la machine. Le Commandant m'y laisse après le retour de mon garde du corps et déjà, je viens m'enquérir de l'évolution des différents mécanismes et autres niveaux. Le carnet de relevés est à jour et me permet de visualiser au mieux l'évolution de la machine, très intéressants. Comme si elle se dégrippait à force de fonctionner.  Il faudra que j'en parle avec l'ingénieur Uchiha.

Le décollage n'étant pas prévu pour dans l'immédiat, je viens partager la routine des mécaniciens de bord, sans rien faire de plus que resserrer une vis ou passer un outil demandé. Je viens plutôt échanger avec eux autour de leur ressenti en prenant des notes sur le tout. Ce vaisseau semble vraiment vivre par lui-même en parallèle de son utilité militaire, c’est impressionnant.

A tel point que j'en perd toute notion de temps, complètement plongée dans mes observations et autres discussions autour du vaisseau. Oui, je suis drôlement contente de remonter à nouveau à bord.

Dans les entrailles du vaisseau, le ronronnement des machines est à présent puissant mais régulier. Seules les phases de décollage et d'atterrissage sont réellement bruyantes ici. Certes il reste du bruit et parler demeure compliqué mais il n'y a pas besoin de tant de mots par ici, plus des gestes ou des signes. Simples et logiques. Qui forme un nouveau langage propre à cet espace mais que nous comprenons tous instinctivement. Aussi, quand soudain une voix retentit, cela me fait presque bizarre.

- Conseillère Naoki! Vous êtes donc vraiment sur ce vol?

- Hum, hum !

- Je peux vous parler un instant?

- Oui, bien sur ! Dans 5 minutes...

Parce que là, il y a un échos un peu trop marqué depuis la bobine centrale. Et je voudrais m'assurer que ce son un peu décalé ne présente aucun danger. La pièce n'est pas usée mais qui sait, un mauvais réglage et la pièce pourrait se retrouver abîmée. Avec l'aide d'un mécanicien présent, je parviens à venir légèrement resserrer un des câbles proches dont la fibre est venue frôler le mécanisme. Et l'échos disparaît enfin. Un détail que je leur fait noter dans les registres car ce phénomène pourrait se reproduire. Etant simple à régler, autant qu'il sache déjà comment s'occuper de ce souci avant qu'il ne dégénère.

Le rapport effectué, le mécanicien à mes côtés me rappelle que quelqu'un a demandé à me voir et je c'est un peu à contre coeur que j’abandonne cette machinerie pour revenir sur le pont d'accès au coeur de l'Archangel. Evidemment, j'ai encore le regard perdu sur les divers mécanismes présents aussi, en découvrant la présence du Commandant Léo, je suis un peu surprise. Ah oui, c'est vrai. Le casque modifie sa voix, je ne l'avais nullement reconnue du coup. De toute façon, il aurait attendu pareil. Et c'est surtout Carl qui semble soulagé de me voir revenir ici.

- Commandant Léo, ravie de vous revoir. Cela faisait longtemps.
Veuillez m'excuser, j'étais un peu occupée. Vous désiriez quelque chose ?

- Conseillère, je suis ravi également. Oui j'aimerais vous parler un instant, pourquoi pas le temps de votre pause déjeuner.

- Comme il vous plaira.

Oui, ça va, j'ai compris le message. Dès que Carl vient me tendre le sandwich prévu pour moi, je le récupère en le remerciant gentiment, ce qui le soulage visiblement. Oui, je me souviens vaguement l'avoir vu passé plus tôt mais j'étais trop occupée. Enfin, sortis de la salle des machines, nous nous retrouvons en tête à casque tête dans les couloirs, Carl étant allé s'installer plus lin.

- On ne saute pas de repas, ce n'est pas sérieux du tout!

- Je ne l'ai pas sauté puisque que je vais le manger. Il a simplement été retardé.

- Tu as l'air de bien t'amuser alors mange et je te laisse repartir. Je venais juste te voir pour savoir dans quelle cabine tu es, histoire de te rejoindre ce soir.
Après je repars embêter les pilotes à bord.

- Ma cabine est la numéro 42.
Pauvres pilotes, je les plains. Quoi que, ce seront peut-être eux qui vont t'embêter en fait. La présence du Commandant Léo est assez rare pour qu'ils veuillent aussi en profiter.

Je viens croquer dans mon sandwich, pour lui prouver qu'il n'a pas à s'en faire pour moi. Voilà, je mange, rassuré? Et si Reed est bien à bord, je doute qu'il reste sage tout le trajet. Il sait, pour sa véritable identité, alors il finira forcément par venir le voir et l'enquiquiner à sa manière. Rien de méchant mais de quoi le faire grogner également.

- Il y a des exercices de prévus ? Si jamais une machine présente un souci, je pourrais aller vérifier ça. On ne sait jamais.

Tiens, est-ce qu'il aura fait installé un harnais ici? Je me le demande et cela me tire un sourire tandis que je continue de manger. Parce que oui, j'avais faim maintenant et cela fait du bien.

- Tout est prêt pour votre mission? Je sais que le Commandant Tajiri prévoyait de venir vous voir à ce propos.

Même si nous sommes seuls actuellement, les couloirs pourraient devenir passant alors oui, je préfère jouer le jeu et le vouvoyer comme il se doit. Cela va surement le faire un peu grogner mais tant pis. Un secret, ça se protège.

- Il y en a eu un un peu plus tôt mais tout s'est bien passé. Je n'ai pas entendu les autres pilotes se plaindre de leurs machines mais qui sait, si le vaisseau ne te suffit pas va faire un tour dans les hangars et demande. Je suis sûr qu'ils trouveront quelque chose qui pourrait t'occuper là bas aussi.

- Surement.

Il y a toujours quelque chose à faire. Ces machines sont certes très perfectionnées, elles n'en demeurent pas moins fragiles et comme nous ne savons pas les construire de A à Z, elles ont aussi de nombreuses petites faiblesses. J'en ai déjà discuté un peu avec l'ingénieur de l'UTI et il m'a donné des pistes intéressantes mais tant que nous manquerons de matières premières, cela restera compliqué.

- Oui tout est prêt, j'ai vu les détails avec lui. Le vaisseau devrait être sur place demain dans la matinée, je décollerais aussitôt.
Je t-vous ferais mon rapport tout de suite en revenant. Il n'y a pas de panne en vue sur l'Archangel? Si je suis en retard ça risque de gronder.

- Absolument aucune. Le vaisseau se porte comme un charme et semble même se dérouiller un peu à mesure qu'il vole. Ce qui facilite certaines manœuvres un peu complexes à la base. On pourrait presque croire qu'il vit vraiment par lui-même, c'est toujours aussi impressionnant.

- Allez, je vous raccompagne.

- Merci Commandant.

Je parviens à dissimuler le soruire qui naissait aux coins de mes lèvres. Il se tient drôlement bien et donne parfaitement le change pour le moment mais je me demande combien de fois il a déjà grogné ou grimacé sous son casque. Mon sandwich quasiment terminé, je rejoins de nouveau le coeur de la machine. Une série de tests vont être effectués et comme un peu d'aide ne serait pas de trop, je suis conviée à participer à la manoeuvre.

- Reposez-vous bien avant votre mission. Et n'oubliez pas de prendre des forces de votre côté. Sa majesté compte sur vous.

Quoi? Non, je ne me moque pas. Je lui rappelle que lui aussi doit manger pour être en forme et se reposer au mieux. Et c'est vrai, le Roi compte sur le Commandant Léo, au moins pour conserver son incognito. Je lui offre une dernière révérence avant de revenir aider les mécaniciens de bord. Il doit surement avoir aussi encore beaucoup de choses à faire. Moi, je vais très certainement passé la fin d'après-midi ici avant d'aller dîner avec mon frère. D'ailleurs, il ne s'est pas encore manifesté? C'est étonnant. Enfin, revenons-en à ces tests.

- J'y veillerais conseillère, ne vous en faites pas, il serait dommage de décevoir sa Majesté si bêtement.
Bonne fin de journée.

Carl et les autres mécaniciens présents saluent aussi rapidement le Commandant qui repart avant de nous mettre plus sérieusement au travail. Les tests ne sont guère compliqués mais demandent beaucoup d'attention alors le sérieux est de mise. Et ce genre de travail se révèle aussi particulièrement fatiguant nerveusement parlant. Aussi, je ne suis pas mécontente d'apprendre ces derniers sont enfin terminés et avec de bons résultats.

En quittant le coeur du vaisseau pour aller me reposer un peu, je croise mon frère qui forcément note ma fatigue. Alors, il décide de rester avec moi jusqu'au dîner, pour me surveiller. comme si Carl ne suffisait pas. Mais sa compagnie reste agréable et je suis contente de le revoir. Il me raconte les prouesses dont les pilotes ont fait preuve durant l'exercice dont le Commandant m'a parlé avant de me donner des nouvelles des parents. Le genou de notre mère est presque parfaitement remis maintenant mais elle ne reprendra vraiment son poste que d'ici quelques jours.

Et alors que je me dirige avec lui en direction de la cantine du vaisseau, je le surprend venir comploter avec Carl avant de m'enjoindre à les attendre dans le couloir. Oui, Monsieur à décidé que je serais pus tranquille pour me reposer en dînant dans ma cabine alors le voilà qui m'y escorte avec mon garde du corps portant mon repas par la même occasion. Je soupire un peu avant de les laisser faire et de m'installer au calme pour manger en compagnie de mon frère, Carl montant la garde devant ma chambre pour ce vol.

Pour le coup, je crois que c'était une bonne idée. Mine de rien je crois qu'entre la tension que je dissimule et le travail de cet après-midi, j'avais vraiment besoin de me poser. Et un repas ainsi me rappelle ceux que nous avons partagés tous ensemble, au château. Et si Reed s'amuse à me demander des nouvelles du Roi, il vient aussi m'en donner du Fil du Temps. Je n'ai même pas eu encore l'occasion de les revoir depuis mon départ de la boutique. En rentrant, je devrais prévoir ça.

Reed m'a fait renvoyé Carl en venant dîner avec moi, pour que lui aussi puisse dormir, et les plateaux terminés, il vient les débarrasser avant de m'embrasser sur le front et de quitter la cabine pour me laisser me coucher. Pourtant, il demeure devant la porte de cette dernière, guettant les couloirs jusqu'à voir apparaître une silhouette casquée. Vers laquelle il se dirige le plus naturellement du monde.

Son garde du corps se repose et j'ai fini mon service alors je vous passe le relai, Commandant.
Et la porte n'est pas verrouillée. Enfin, pas encore...
Passez une bonne soirée.

En effet, j'étais passée directement dans la salle de bain et du coup, je n'avait pas fermé derrière lui. Et comme le Commandant venait enfin d'arriver, il n'aurait pas à me demander de le faire finalement. Tandis que mon frère s'éloigne avant de quitter les couloirs, je traîne un peu sous l'eau chaude. Oui, je suis fourbue en fait mais c'est de la bonne fatigue. Dommage que cela ne gomme pas l'inquiétude sourde qui m'habite également.

Les yeux fermés pour profiter du roulis apaisant de l'eau, je réalise que dans le ciel ou sur terre, cette sensation est la même. L'eau ne subit donc pas les effets de l'altitude. Oui, je n'ai rien de mieux à faire que de me poser ce genre de question. Enfin, cela m'occupe aussi et me change les idées. J'espère qu'il se repose aussi de son côté. Moi, je vais vraiment aller me coucher. Du moins, c'est ce que je comptais faire avant qu'une paire de bras puissants ne se referment soudainnement autour de moi

- De l'aide pour te frotter le dos chérie?

- Idiot !

Mais quel imbécile ! J'ai été tellement surprise que j'ai manqué de crier. On aurait eu malin, franchement. Je viens lâcher un profond soupir le temps que mon coeur se calme pour retrouver un rythme plus correct. Bon, ce n'est rien, tout va bien. Juste lui. Et vu comme il a été contraint et forcé de se tenir sage, forcément maintenant, il va vouloir se rattraper. Pourquoi cette idée me fait sourire aussi ?

- Maintenant que tu es là, pourquoi pas.
De toute façon, je n'ai plus assez de place pour le faire moi-même.

Et oui, ici la cabine de douche est bien plus étroite que celle de la Suite. Je n'ai aucune possibilité de quitter la douche comme il se trouve dans mon dos alors autant le laisser faire. Et puis, je suis quand même contente qu'il soit là. J'aurais juste préféré qu'il ne me fasse pas cette frayeur en arrivant.

- Juste, si tu peux... ne détache pas mes cheveux. J'aimerais éviter de passer ma soirée à les sécher.

Relevés sous forme d'un chignon rapide, je voulais justement éviter de les mouiller. Pour qu'il ne vienne pas râler que je tombe malade à chaque fois que je monte à bord.Il serait capable de m'empêcher de revenir sur l'Archangel après.

Evidemment, lorsque je répond positivement à sa proposition, il en est ravi. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour le voir, son sourire s'entend jusque là. Et puis, je suis contente aussi de le retrouver. Même si j'ai été bien occupée toute la journée, cela me faisait un peu étrange de ne pas encore l'avoir recroiser depuis la fin d'après-midi. Par contre, je veux bien le laisser s'occuper de me savonner mais qu'il ne pas mes cheveux par contre, j'apprécierais.

- A tes ordres ma reine.

- Merci.

C'est surement un peu bête mais j'aime bien quand il utilise ce surnom aussi. Ma reine. Juste à lui. Mon sourire se marque un peu plus alors que je le laisse s'occuper de mon dos avant que ses mains ne viennent se promener davantage à leurs guises. Je devrais lui rappeler que mon dos est parfaitement savonné maintenant mais quand il se rapproche, je me cale un peu plus contre lui également, laissant ses mains continuer à venir se promener sur ma peau. Simplement parce que je suis bien là, avec lui.  

- On risque d'atteindre la limite d'eau chaude ou on peut traîner?

- Aucune idée !
Enfin, il y a forcément une limite mais je n'ai pas connaissance de cette capacité. Je suis ingénieure, pas plombier.
Et puis, ce ne serait pas sérieux de traîner ici.

Ses lèves descendues dans mon cou me tire un léger frisson alors que mes doigts viennent doucement chercher les siens. Juste pour s'y emmêler. Ce contact si habituel m'aurait presque manqué en fait. Oui, cela fait bizarre de savoir qu'il est là sans être vraiment lui. Enfin, si même moi cela me fait étrange, cela doit être encore plus difficile pour lui de se tenir au rôle du Commandant Léo.

- Ce n'est pas trop dur, de devoir se montrer sage avec le Commandant? En tout cas, il impose un grand respect, même chez les mécaniciens de bord. Je ne savais pas que j'étais sortie avec une telle célébrité.