- Sam me l'a annoncé pendant que je me préparais pour la cérémonie.

Oh, alors nous l'avons appris quasiment en même temps. Est-ce qu'ils me l'auraient dit sans l'intervention d'Agathe? Surement, oui. Et sinon, je ne doute pas que Kougami me l'aurait annoncé lui. Il n'empêche, j'ai du mal à imaginer Monica maman. Par contre, je ne doute as une seconde qu'il seront de bons parents. Ils ont l'expérience déjà, en veillant sur Kougami.

- Je...
Tu te rends compte que tu as des nausées aussi? Que tu ne peux pas être malade car tu es Magius et que... Tu pourrais bien être... enfin.. tu sais... enceinte aussi?

"- Je suis Magius. Cela veut dire que mon corps ne 'change' plus. Donc, comme je ne peux pas tomber malade, je ne peux pas tomber enceinte non plus...  "

Et pour le coup, je ne sais pas trop si le soupir qui m'échappe est plutôt triste ou résigné. Je sais que nous en avions parlé, d'avoir une famille un jour. Mais cela n'est plus possible, à cause de mon état. Pourtant, c'est vrai que ce matin, j'ai encore eu le vertige, comme en dansant avec mon frère. Et que ce n'est pas la première fois que je me sens prise de fatigue sans raison. Mais ça ne peut pas être ça. Pas dans mon cas.

"- N'est-ce pas ?  "

Je sens que mon coeur s'est un peu accéléré alors que je me redresse pour tenter de venir croiser son regard. Je ne peux pas y croire, mon esprit scientifique réfute cette hypothèse. Mais quelque part, il y a malgré tout des preuves qui coulent dans son sens à lui. Pourtant, cela n'aurait aucune logique. Alors pourquoi est-ce maintenant que c'est lui qui évoque cela, je doute ?

"- Tu crois que...?  Ça pourrait... ?"

- J'y réfléchis depuis ce matin.... Je ne vois pas d'autres explications. Plus j'y pense et plus je me dis que.... Oui. Ça pourrait.

Les yeux clignant un peu trop vite, je garde le regard fixé sur Kougami, incapable de réagir autrement. Tout ce qu'il a dit avant est vrai et se tient, même la remarque à propos de son Oncle. Et il est vrai que je n'en ai jamais parlé alors, personne ne m'a rien dit à ce sujet. C'est parfaitement logique. Alors pourquoi ces explications le sont aussi ? Ça, ce n'est pas possible.

- On... On ne pourra être sûrs qu'en rentrant... Sauf si je demande à quelqu'un de nous envoyer un médecin ou au moins un test... Mais... Ça pourrait bien être ça...

Il n'en doute pas. Il n'y a pas d'autre explication. Ça pourrait être ça. Moi, enceinte. Mes doigts se serrent un pue sur le plaid alors que je réalise la position de sa main. Sur mon ventre. Il y pense vraiment? Il y croit, même ?

"- Mais... Je...  "

Je suis complètement perdue là en fait. Je cherche à m’accrocher à son regard mais ne peux y manquer cette inquiétude qui s'y trouve. Une famille, un jour oui. Mais plus tard. Pas maintenant, c'est... trop tôt. Ce n'est pas le moment, pas possible.

"- Etre Reine, je... ne sais pas... alors ça, en plus, je..."

Je ne sais pas. Je sens que mon coeur s'est emballé alors que ma respiration est plus tendue et que mes paupières s'humidifient un peu. Il y a les dragons, Valdam, Scydonia, les technologies nouvelles, le mariage, le couronnement... Si je suis déjà épuisée avec tout ça, je ne vais pas pouvoir, réussir à...

"- Et si... Ce n'est pas ça ? Mon état... serait grave ?"

Là, je sens que je commence à trembler. Parce que pour le coup, si ce n'est pas cette hypothèse, il y aurait donc un souci avec moi ? Non, je ne panique absolument pas là. Pas du tout. Respire Kalicko. Respire et ne pleure pas surtout. Tout va bien, n'est-ce pas ?

- Héééé, calme toi chérie. Je suis là. Tout va bien. Ton état ne peux pas être grave, tu es Magius, une Magius sur laquelle je veille alors tu as assez de runes... Donc tout va bien.

Pourtant, je peux le sentir également, son coeur agité qui bat fort dans sa poitrine. Je me raccroche à ses mots malgré tout, revenue me caler de mon mieux contre lui, cherchant dans ses gestes et ses mots le calme qui me fait tant défaut. Quoi que ce soit, ça ne peut pas être grave. Voilà la seule chose que je tente de laisser dans mon esprit mais cette pensée est sans cesse parasitée par de trop nombreuses autres.
 
- Ensemble, on va y arriver. Respire calmement, ça va aller.
Tu es parfaite ma reine, cesse de douter de toi comme ça.

"- Mais je ne sais pas... je n'ai même pas fini... Les cours de Mitsuki et... Les i-fields sur l'Archangel... Ma place au conseil aussi et... "

Il y a tellement de choses que nous devons faire. Là, je suis tout simplement complètement dépassée par les événements. Moi, enceinte ? Mais quand ? comment ? Pourquoi maintenant ? Bêtement, après avoir calée mon nez dans son cou, mon visage se baisse vers mon ventre. Sa main y est toujours, chaude et douce. Non, il n'y a rien. Je ne vois rien. Pourquoi, il y a bien la fatigue, la nausée, le vertige et...

"- Si ça se trouve, si je suis ... malade c'est ... parce que lui ne va pas bien ?
Et s'il avait un souci, par ma faute ?
Comme l'Impératrice... Je ne veux pas..."

Je ne me rappelle que trop bien de cette femme lors de la zone de trêve. La seule femme enceinte - de jumeaux en plus - que j'ai croisé ces derniers temps, qui a disparu avant d'être retrouvée morte. Enfin retrouvée... cette pensée me tire un terrifiant frisson, qui manque de me couper les souffle alors que les larmes se sont mises à couler toutes seules de mes yeux. J'ai peur, tellement soudain.  

"- Qu'est-ce que je dois faire ?"

- Lily... Tu t'en fais trop. En dehors des I-Field qui avancent à très bon rythme ce sont des choses à faire doucement, tranquillement, à ton rythme. Avec nos rangs il y aura toujours des choses à faire. Toujours. Mais tu ne dois pas t'oublier pour autant. Choisis tes priorités, le reste se mettra en place tout seul.

Vraiment? Je veux le croire mais malgré tout, j'ai du mal. La preuve, encore ces derniers mois. C'est comme si tout s'amusait tout le temps à nous tomber dessus en même temps. A mon rythme, je crois que je ne sais même plus réellement à quoi cela correspond. Ne pas m'oublier, choisir mes priorités. Je veux bien essayer mais... En tant que Reine, cela va forcément changer aussi. Encore plus si, enfin... S'il te plait, aide-moi Kou'. Dis-moi ce que je dois faire.
 
- Te calmer, déjà? Je n'aime pas te voir comme ça Lily.

"- D'accord, je.... j'essaye. "

C'est juste particulièrement compliqué là. Kougami se déplace un peu mais je ne quitte pas ses bras et m'agrippe davantage à lui tout en venant l'écouter avec attention. Va bien, normal, rien m'arriver, jamais, pas que le négatif. Je ne fais pas exprès pourtant. Après, la remarque au sujet des Bradleys me tirerait presque l'aube d'un sourire. Je n'ai vu aucun changement dans le comportement de Monica ces derniers temps d'ailleurs alors, je m'en fais peut-être vraiment trop ?

Même pas surs. Prendre le temps, savoir, mon choix, tout se passe bien, toujours là... ou, c’est surement idiot mais de l'entendre venir me redire ces mots, je sens mon coeur qui se serre un peu plus. Mais cela n'est pas douloureux au contraire. Je me sens soulagée de simplement savoir que rien n'a changé. Pas entre nous. Le monde ne cesse d'aller trop vite pour moi mais lui, il reste simplement là. Repère immuable dont je ne pourrais plus me passer.

- Je t'aime.
"- Moi aussi.

Et si les larmes m'échappent de nouveau, je parviens à laisser un sourire se dessiner sur mon visage. Je te fais confiance. Entièrement, aveuglément, démesurément. Si la panique fait encore de la résistance, peinant à me laisser tranquille, je me calme quand même. Par contre, j'avoue ne plus très bien savoir quoi penser. Si c'est ça... mais si ce n'est pas ça...

Le silence tombe sur le chalet, laissant l'âtre remplir ce dernier d'une mélodie régulière et apaisante qui ne me suffit pas. Si mon souffle est redevenu plus tranquille, mon esprit est en ébullition. Mon regard ne sait plus ou se poser tandis que je me repasse le film de ces derniers jours. Les réveils et les petits déjeuners compliqués, l'angoisse qui monte trop vite, le vertige aussi. Cela pourrait vraiment être à cause de...

"- un... mini-nous ?
Tu... crois que... Enfin....
Ca te plairait ?... Maintenant ?..."

- Je... Je n'ai pas envie de t'influencer chérie. Je n'ai pas envie que tu te sentes forcer, dans un sens ou dans l'autre, à cause de mon avis.

Si quelque part je suis déçue de ne pas avoir de réponse, je sens malgré tout mon sourire se dessiner un peu plus. Oui, je comprend et tu as raison. Je n'aurais pas du te demander ça. Mais je crois que je suis encore trop remuée pour avoir les idées assez claires pour y réfléchir correctement. En plus, tout ceci n'est rien de plus qu'un "peut-être..."
 
- Si... tu sais déjà... on peut toujours.... l'écrire sur un bout de papier? Et le lire en même temps? Comme ça, on aura l'avis de l'autre? Sans influence. Mais là, tu es encore secouée, attendons un peu.

"- Un peu... Oui attendons, tu as raison. "

Mine de rien, si je devais écrire en cet instant ma réponse sur un papier, je ne sais pas du tout ce qu'elle serait. Alors, souffler un peu d'abord ne nous fera pas de mal. Juste rester dans ses bras encore un peu. Et puis, venir récupérer le livre et en commencer la lecture. Nous sommes toujours en lune de miel après tout, il serait dommage de ne pas en profiter.

Lecture, repas, retour dans la neige, réchauffage, danse, dîner. Même si à intervalles réguliers je sens mon esprit revenir se demander si ce serait vraiment possible, je parviens à retrouver un semblant de calme. Mon regard de temps à autre se perd un peu alors que les questions fusent de nouveau mais mon coeur semble moins s'affoler. Dans tous les cas, tout va bien. Et puis, depuis que nous en avons parlé, je n'ai pas eu d'autres symptômes donc finalement, peut-être que je me suis emballée inquiétée pour rien? Oui surement, comme toujours.

Par contre, j'ai du mal à m'éloigner de lui maintenant. Et même si j'avais dit préférer attendre, je n'ai pas pu m'empêcher de prendre un morceau de papier et de griffonner ma réponse dessus avant de la caler, froissée en boule et en tout petit, à l'intérieur d'Upa. Le léger trou dans la couture de son oreille aura finalement eu une utilité, depuis les années qu'il est là.

La nuit fut calme, le réveil doux et la matinée reposante. Evidemment, il n'était pas question de traîner alors que la neige est retombée dans la nuit, offrant de nouveau un terrain vierge tout autour du chalet. J'ai bien senti de nouveau la fatigue se réveiller une ou deux fois mais avec moins de force. Donc, je dois être plus reposée, comme les symptômes ont cessé. Oui, ce n'était qu'une hypothèse donc ce n'est pas grave. Nous avons le temps.

Par contre, ils ont vraiment demandé à Zylorf d nous amener ça ? Et lui a accepter, surtout ? Si j'en suis réellement reconnaissante au dragon vert, je ne peux pas retenir mon rire devant la réplique de Kougami. C'est vrai que là, c'est assez surprenant quand même. Le pire fut la réaction de Zylorf qui vient littéralement ensevelir le Roi  en vengeance, ce qui me fit partir dans un fou rire qui sembla ne jamais vouloir s'arrêter. Le pauvre, je le vois qu'il est frigorifié mais impossible de retrouver mon calme. Et puis, cela fait du bien de rire franchement aussi.

Repas, neige, pause réchauffage, danse, douche, lecture, dîner, la journée se termine sur une note aussi douce qu'au lever. Et pour le coup, en réalisant que demain il sera déjà temps de rentrer, je grognerais presque. Nous sommes bien là, tellement. Mais le Royaume a besoin de nous aussi. Un grand soupir m'échappe avant que je ne vienne retrouver ma place entre les bras de Kougami. Là, à l'abri de tout et de tous, je m'endors sans mal, sourire aux lèvres et esprit apaisé.

Mais si la nuit fut calme, le réveil fut tout autre. L'esprit un peu agité, j'émerge sans vraiment me réveiller. Je devine que le jour se lève à la luminosité de la pièce. Il encore tôt, je peux donc me rendormir. C'est ce que je comptais faire avant que la nausée ne me prenne en traître. Je me redresse d'un coup, encore un peu perdue sur le coup mais déjà, je me lève encourant pour rejoindre les toilettes. Ou je tousse et crache tout ce que je peux, le temps de retrouver un souffle correct.

Accroupie par terre, une main venue attraper mes cheveux pour les remettre dans mon dos, il me faut quelques instants pour parvenir à reprendre mes esprits. Le monde cesse de tourner et la nausée semble décider à passer mais je ne me sens pas vraiment bien pour autant. Je fronce le nez, mon coeur manquant de se soulever avant que je ne me lève et rejoigne la salle de bain afin de me passer le visage à l'eau. Ou je ne peux pas rater mon teint clairement blafard pour le coup.

"- Monica... n'avait pas ça..."

Nous l'aurions tous vu si cela lui était arrivé. Et pourquoi je pense à ça, moi ? Une main revenue mettre mes cheveux derrière mon oreille, je réalise que la seconde est descendue toute seule sur mon ventre. Est-ce que... ce serait vraiment ça ? Respire Kalicko, tout va bien. Enfin, m'asseoir d'abord parce que là, je sens que mes jambes ne sont pas très sures.

- Tu dors avec elle pour dire ça? On ne la voit jamais se réveiller.
Enfile ça, tu vas attraper froid.

Le peignoir a peine en contact sur mes épaules, je l'enfile et me pelotonne dedans. Oui, j'ai froid pour le coup, surement en contre-coup au réveil trop brutal. Ses lèvres sur ma tempe m'apaisent un peu avant que je ne vienne le suivre en direction du canapé et de la cheminée. Ou je viens aussitôt me blottir contre Kougami, délaissant le verre d'eau malgré l'arrière gout désagréable qui me colle au palais.

- Ça passe un peu?
"- Doucement, oui."
- Tu veux retourner t'allonger un peu?

Je secoue un peu la tête, négativement. J'ai peur que si je me rallonge, la nausée ne revienne encore me secouer comme elle vient de le faire. Par contre, je sens que Morphée me retient encore un peu car je bâille maintenant. Sans vraiment y réfléchir, mes bras viennent me rapprocher de Kougami tandis que je m'installe un peu plus à ses côtés.  

"- Je peux rester là ? Juste 5 minutes..."

Mine de rien, le canapé est confortable. Surtout avec lui. Alors, juste prendre le temps d'émerger correctement et tranquillement, j'aimerais bien. Et si je ne me suis pas endormie, j'ai du somnoler un peu car je note que le jour a fini de se lever lorsque je parviens à me réveiller pour de bon. Toujours dans ses bras, bercée par sa respiration.

"- Désolée, pour le réveil. "

- Pas grave. Ne le sois pas, je ne t'en veux pas.
Tu vas mieux, c'est tout ce qui compte.

Oui, la nausée et toute sensation de vertige sont loin à présent. Même le parfum âcre qui me restait en bouche a disparu. Comme quoi, rien qu'un peu de sommeil, cela suffit. Je sens mon sourire apparaître alors que ses doigts viennent jouer avec mon alliance avant de trouver les miens. Ça y est, j'en ai une aussi. Et je ne l'ai pas encore retiré une seule fois.

- J'imagine que je ne te propose pas de chocolat chaud?
"- Non, merci. "

Pourtant, j'en aurais bien pris un. Parce que j'aime ça, beaucoup mais depuis quelque temps, la simple odeur de ce dernier me soulève l'estomac. Enfin, nous trainons encore un peu avant de nous décider à nous lever et à aller manger. Et je remercie Zylorf d'avoir joué au livreur car les gâteaux envoyés par le Chef ne font pas long feu; je ne sais pas si c'est le contre coup de la nausée mais pour le coup, j'ai faim.

"- Nous avons un horaire de retour imposé ?"

Je serais bien retourner jouer dans la neige mais je sais que dans ce cas, nous allons finir trempés et nos vêtements n'auront pas le temps de sécher avant de devoir partir donc je préfère oublier cette option.

"- J'aime bien le chalet. J'espère que nous pourrons revenir. "

Sans que je ne sois malade cette fois. A croire que le monde entier fait tout pour que je ne puisse pas rester éternellement au milieu des flocons. Quand Kougami n'a pas froid, c'est moi qui réussi à être patraque même en étant Magius.

"- Juste tous les deux... "

Les mots m'ont un peu échappés alors que mes doigts sont revenus passer sur mon ventre. Je ne peux pas être malade, la fatigue est loin mais les symptômes reviennent quand même. Et si c'était ça, nous ne serions plus deux donc.... Stop ! Et si j'allais m'habiller maintenant que j’ai fini de manger, hein?