- Ni l'un, ni l'autre?
Ça va aller, ne t'en fais pas, j'ai juste besoin de la cheminée et de toi. La douche et le chocolat chaud attendront demain.

Ses doigts qui viennent doucement masser mon crane à présent libéré de toute épingle et autre entrave font revenir également mon sourire. Oui, ce n'est pas pressé, je sais. Mais je crois que je garde un peu d'appréhension malgré tout quand à son état. Enfin, il ne semble pas avoir aussi froid qu'au printemps et même si la fatigue commence à se lire aisément sur son visage, il a cet air serein qui me rassure mieux que ses mots.

- En plus, maintenant que j'ai fini tes cheveux, je dois te retirer le reste.
"- Ca devrait aller vite. Et au pire... cela attendra demain ?"

Non, ça je sais que c'est impossible tout simplement parce que mes dessous sont au moins aussi glacés que ma peau. Eux aussi ont pris la neige à leur façon. Mon visage suit le mouvement impulsé par sa main et pour le coup, je trouverais presque ce baiser trop court. En tout cas, il n'a jamais autant ressembler à un dragon qu'en cet instant, son souffle me paraissant presque brûlant.

- Il faut vraiment que je te réchauffe...

A ce point ? Je vois bien que ma peau est clairement plus pâle que la sienne et que mes doigts sont un peu engourdis quand je veux les remuer mais si mon corps frissonne par réflexe, je ne me sens pas particulièrement gelée non plus. En tout cas, je demeure bien calée dans ses bras avant de me retrouver installée avec lui juste devant la cheminée. C'est vrai que là, l'air me parait plus agréable.

"- Je dois vraiment tout retirer ? Ou je peux la garder ?"

Ma main est revenue se poser sur sa joue après lui avoir montré mon alliance. Il parlait de ne rien garder alors, je demande, même si je suis persuadée de déjà connaitre la réponse. Le plaid nous recouvrant totalement, la cheminée diffusant sa chaleur douce et bercée par la respiration de Kougami, je sens aussi la fatigue revenir se manifester. Surement aussi parce que mon corps se réchauffe doucement. Par contre, un détail vient attirer mon attention alors que mon regard s'attarde sur sa chaîne.

"- Tu n'as plus... l'alliance de ta Mère. Tu l'as perdu ?"

- Garde la. Retire la le moins souvent possible, s'il te plaît.
"- C'est promis."

Après, je sais que je ne pourrais pas l'avoir tout le temps sur moi. En cas d'intervention sur l'Archangel ou des MS, je devrais la retirer par sécurité mais sinon, je la garderais. Elle aussi émet une douce chaleur je trouve. C'est d'ailleurs plus cela que je sens que son poids à mon doigt. Par contre, je m'inquiète un peu. Ou est passée l'alliance de sa Mère ? S'il l'a perdu...

- Je n'en avais juste... Plus besoin? Et Houki non plus alors... Elles ont retrouvé leur place.

Sur le coup, j'avoue être un peu surprise par ses paroles. Retrouvées leur place ? Oh, il sont donc descendus dans la crypte ? Je cligne un peu rapidement des yeux, étonnée avant de me mettre à sourire en continuant de l'écouter. Si aujourd'hui il est capable de lui-même de s'en séparer, c'est bien la preuve qu'il n'en a plus besoin. Enfin, plus avec lui. Il sait qu'elle sera là-bas, qu'il pourra la revoir et même la reprendre au besoin. Et puis, l'entendre dire qu'il souhaite se consacrer davantage à l'avenir qu'au passé, je sens mon coeur aussi qui s'emballe un peu.

- Tu crois... Que je n'aurais pas dû...?
"- Au contraire. Tu as fait ce qu'il fallait.
Je suis certaine que c'est ce qu'ils auraient voulu également."

Vous voir et vous savoir heureux. C'est ce que désirent tous les parents pour leurs enfants. Dans son récit, son père lui avait dit de fuir, pour le protéger alors... Je suis certaine qu'ils sont fiers de lui. D'eux même. Même si ça a été difficile, même si cela le sera encore, il avance. Et c'est bien là le principal.

"- Plus jamais seul..."

Mes lèvres viennent doucement voler les siennes alors que mes doigts passent de sa joue à ses cheveux. Je lui ai juré devant tout le Royaume en acceptant de me marier et d'être couronnée mais je veux le lui redire. Juste pour lui, sans autre témoin que nos coeurs battant devant la cheminée. Le baiser ne s'éternise qu'un instant car je sens de nouveau ma peau frissonner alors que le contact de mes vêtements restants me parait de plus en plus désagréable.

"- Je peux les retirer ?"

Parce que comme il parlait de me les ôter lui-même, je ne voudrais pas qu'il se mette à bouder pour ça.

- Oui, vas-y.
Mais je veux voir ça
"- Le contraire m'aurait étonné."

Bon, ça je ne voulais pas le dire à voix haute mais c'est sorti tout seul. Evidemment, cela à suffit à venir colorer mes joues d'une belle teinte rosée. Par contre, dans tous les cas, il va falloir que je me lève pour cela. Pour le coup, j'ai un peu de mal à le lâcher alors, je prend une grande respiration avant de venir me tirer hors du plaid et me placer devant la cheminée.

Déjà, mes doigts viennent trouver l'attache de mon soutien gorge avant de la faire céder après quelques ratés. Oui, j'ai encore les doigts un peu engourdis. Mon regard reste braqué sur le tissu qui quitte ma peau lentement pour ne pas croiser ses yeux. Je suis déjà bien assez rouge comme cela, je sens mes joues qui chauffent toutes seules.  

Le haut retiré, c'est au tour de mon bas de venir disparaître. Mes cheveux deviennent mon seul vêtement et je viens chercher à m'y emmitoufler, sentant bien à présent la différence entre la température de mon visage et celle du reste de mon corps. Et mon regard revient enfin chercher le sien, à la fois curieuse de découvrir sa réaction et espérant l'autorisation de revenir me blottir contre lui. Malgré l'âtre dans mon dos, je peux le sentir. Là, j'ai froid.

- Wouaw.

Mais ! Ce n'est pas juste. Pour le coup, ce n'est même pas un mot et cela suffit à me faire piquer un fard violent. Pourtant, depuis le temps, cela ne devrait plus rien me faire. Mais ça vient de lui alors forcément, je sens les frisons qui reviennent plus franchement. Ces bras sont à peine tendus que je file me blottir contre lui, réalisant de nouveau l'écart de température entre nos deux corps. Et si le contact du plaid est très agréable, cela n'a rien de comparable avec la douceur de sa peau.

- Maintenant, je vais vraiment pouvoir te réchauffer.
Ma Lily,

Le baiser qu'il m'offre est comme une caresse qui vient m'envelopper toute entière. Mon corps se rapproche encore du sien si cela est possible, mes bras passés autour de ses épaules pour laisser mes doigts venir doucement glisser dans ses cheveux ou dans son dos. Mon coeur à fait un bond à ses derniers mots tandis que sa main se baladant vient raréfier encore le peu de souffle qu'il me reste. Et c'est dans un de ces instants nécessaires à mes poumons pour continuer à fonctionner qu'un murmure m'échappe.

"- Mon mari,"

Il est bien plus que mon Roi à présent. Il est celui à qui je me suis donnée toute entière. Un corps, une âme, un coeur. Nous, mariés. Et de réaliser de nouveau cet état de fait, je me sens toute entière violemment secouée de la tête aux pieds avant de m'agripper davantage à lui. Ensemble, pour toujours.  

Mon sourire devenu immense illumine mon visage malgré une larme qui s'échappe du coi de mes yeux. Trop d'émotion, je ne sais plus comment réagir. Alors, c'est à lui que je m'accroche, prête à le suivre n'importe ou il m’emmènera, les yeux fermés. Maintenant et à jamais.

Sa phrase, j'en connais déjà la fin et je l'entends sans même qu'il ne la prononce. Oui, tout ce que tu veux. Toujours calée contre sa peau nous quittons le tapis au pied de la cheminée pour rejoindre le lit ou je suis déposée avant d'être rapidement rejointe par Kougami. Ses lèvres sur ma peau sont à la fois douces et chaudes, caressantes et rassurantes alors que je sens ma peau attisée par le passage de son souffle.

- Je ne sais pas pour toi... Mais j'adore déjà cet endroit... Juste toi et moi...

Moi aussi. La neige, la cheminée, lui. Il ne m'en faut pas plus. Quoique, je suis certaine que 'lui' m'aurait amplement suffit également. Mon sourire semble ancré sur mon visage, comme incapable de disparaître alors que la couverture revenue nous couvrir vient créer comme une seconde bulle autour de nous. Douce et chaleureuse mais bien moins confortable que ses bras malgré tout.

- Tout doucement ♫
"- Jusqu'à l'aube. Éternellement..."

Parce que peu importe le jour qui se lèvera, nous serons ensemble pour le partager. L'aube, le crépuscule, la nuit, la soirée, la matinée, ici et maintenant le temps n'a plus la moindre importance. plus rien n'a d'importance. Rien d'autre que lui, le chant de nos coeurs et la danse de nos corps animée par nos âmes qui maintenant qu'elle se sont trouvées ne se lâcheront plus jamais.

La première chose que j'ai vu en parvenant à soulever les paupières, ce fut une particule GN bleue. Puis le sourire de Kougami. Sur le coup, j'ai hésité à refermer les yeux pour me rendormir. Cette image, je veux la garder précieusement. Mais une fois bien reposée, je n'avais plus envie de dormir. Alors, je suis simplement restée là, blottie contre lui, bercée par sa présence et le crépitement de la cheminée. Au final, il m'a fallu un temps pour me lever. A croire que le lit refusait de me lâcher mais mon estomac à fini par avoir le dessus. Oui, j'ai faim, vraiment. Et je ne compte pas me priver.

Amusée par mon peignoir à la taille de Kougami, je suis ravie de découvrir des affaires adaptée à la neige dans la commode. Comme ça, nous pourrons rester plus longtemps dehors. Non, je ne tressaute pas d'impatience à cette idée. Par contre, je n'ai jamais du m'habiller aussi vite. Une fois dehors, c'est le festival des activité d'hiver. Bonhomme de neige, bataille de boule de neige, luge, ange, le ciel s’est même couvert pour laisser les flocons tomber devant nous. C'était tellement beau. Il faut vraiment rentrer, déjà ? Je profite du passage de Zylorf pour rester quelques minutes de plus sous la neige qui tombe à présent à gros flocons avant de me résigner à rentrer. Demain, il m'a promis que l'on recommencerait alors, ça passe.

Une bonne douche chaude, des câlins devant la cheminée, un dîner agréable, quelques étreintes, une soirée de danses diverses et variées, ses bras qui m'enveloppent, la cheminée qui ronronne, sa présence qui me réchauffe. Qu'est-ce que nous sommes bien là. Sans pression, sans rôles ni responsabilités aucune. Juste lui et moi. Je devais vraiment être terriblement stressée car à force de me détendre, je sens parfois, l'émotion revenir monter dans ma gorge et humidifier un peu mes yeux. Je crois que je n'arrive toujours pas à y croire pourtant, cet anneau à mon doigt est bien réel.

La nuit est déjà tombée sans que je ne le réalise. Je me contente de le suivre et de profiter de sa présence. Rien qu'à moi. Mon Mien. Un sourire un peu idiot ne quitte pas mes lèvres même en m'endormant, à la fois parfaitement détendue et complètement éreintée aussi. Il était vraiment plus que temps que nous puissions souffler. Si tous les jours pouvaient être ainsi, ce serait le paradis.

Si la nuit a été paisible et reposante, je ne peux pas en dire autant de mon réveil ce matin. Mon corps remue un peu alors que ma tête se refuse à émerger réellement, encore lourde et l'esprit embrumé. Il est tôt, le feu n'est pas atteint et il fait à peine jour alors, je peux me rendormir. Mais à peine me suis-je rapprochée de Kougami que je me sens mal. Mon estomac se serre violemment et la nausée me monte à la gorge avec une puissance telle que sur le coup, j'en ai le souffle un peu coupé. Voilà, respire Kalicko, doucement. Tu vois, ça passe déjà.

Ou pas. Mes jambes me portent d'elle-même en direction de la salle de bain ou je viens m'agripper à l'évier alors que le vertige me prend en même temps que la nausée remonte et me dépasse. Je tousse et crache quelques instants avant de parvenir à retrouver mon souffle. Et en levant les yeux vers le miroir, je ne peux rater le fait que je sois plus pâle que d'ordinaire. Ah non, je ne vais pas tomber malade alors que la neige m'attend !

- Qu'est-ce qui se passe chérie? Un cauchemars?

Evidemment, Kougami est réveillé aussi à présent et si je lui très reconnaissante pour le peignoir dans lequel je m'emmitoufle aussitôt, j'ai du mal à retenir une légère grimace pour le coup. Il aurait pu dormir et se reposer. Au lieu de ça, il s'inquiète pour moi. Je viens dégager un peu mes cheveux de mon visage et bien attacher le peignoir le temps qu'il revienne avec un verre d'eau que je récupère avec un sourire timide.

"- Merci.
Je ... ne sais pas trop. Surement un mauvais tour de la fatigue..."

Mine de rien, même si nous avons pu souffler depuis hier, la tension de ces dernières semaines était si importante qu'elle n'a pas pu se dissiper en seulement 24h. Et maintenant que j'arrive enfin à me détendre, tout ce que j'ai accumulé de stress et autres inquiétudes finit par remonter. Il me suffit de tout laisser sortir et puis cela ira mieux.

"- Ce n'est rien, ne t'en fais pas. La preuve, c'est déjà passé.
Désolée, je ne voulais pas te réveiller ni te forcer à te lever."

Je le vois bien que j'ai déjà repris des couleurs et puis, le verre d'eau m'a fait du bien. Ce n'est rien de plus qu'un coup de panique nocturne que j'avais besoin d'évacuer pour de bon. A présent, tout est rentré dans l'ordre.

"- Tu voudras retourner te coucher un peu ? A moins que tu ne préfères passer au petit déjeuner."

- Petit-déj' tu pourras profiter de la neige plus vite et je pourrais te réchauffer plus vite!
Je prépare, prend ton temps.

Mon sourire répond au sien tandis que je viens me passer un grand coup d'eau sur le visage. La figure essuyée et les relents de la nausée dispersée, je me sens vraiment mieux maintenant. Comme quoi, il n'y a vraiment aucun raison de s'en faire, ce n'était rien. Je laisse mes cheveux passer sur mon épaule avant de venir rejoindre la salle à manger ou Kougami a en effet tout préparé. Il est même déjà installé aussi, je le rejoins sans tarder.

- Ça t'étais déjà arrivée ?

"- Ca ? Non, jamais. Et je ne suis pas pressée que cela recommence."

Autant être honnête, je me passerais volontiers de ce genre de réveil. Pour moi comme pour lui. Bon, je ne peux pas dire que je préfère les cauchemars non plus mais au moins, je parviens à rester au lit dans ce cas et je peux me recoucher dans la foulée. Là, pour le coup, nous sommes debout tous les deux.

Si le chocolat me fait terriblement envie, je ne peux m'empêcher de froncer le nez avant de finalement le repousser un peu. Non, trop épais, trop lourd. Un jus de fruit fera davantage l'affaire. Des vitamines pour effacer ce réveil et prendre assez d'énergie afin de retourner dehors, c'est tout ce qu'il me faut. Pour le coup, je me venge un peu sur les biscottes qui disparaissent les unes après les autres avant de venir quitter la table pour aller me préparer. Et nous ne sommes pas enfin vêtus de pied en cape que déjà, je passe la porte pour rejoindre l'extérieur.

"- Il a du neiger toute la nuit. Les flocons sont tout petits à présent moi tu as vu cette épaisseur de neige ? Pour un peu, Zylorf pourrait s'ensevelir dessous."