Là, ça va vraiment devenir compliqué. Je peux pas dire que c'était déjà facile mais au moins, j'avais à peu près trouvé une façon de fonctionner pour que tout se passe bien. Je m'occupais des monstres, ils dormaient, je m'occupais de la chasse et de moi, je revenais, je recommençais et la nuit, ça pionçait à peu près. Heureusement finalement qu'ils s’accrochaient au mamelles, je gagnais du temps aussi comme ça.

Mais là, y a blondinet qui chouine depuis ce matin non-stop. Ce midi, il a même pas vraiment mangé. Et alors qu'il semble un peu moins vif, près à se reposer, y a l'autre qui s'y met aussi. C'est pas des pleurs de j'ai faim ou je suis sale, c'est autre chose mais je comprend pas. Et j'ai beau les prendre contre moi ou quoi, ça apaise légèrement mais ça les stoppe pas.

"- Putain, vous pouvez pas faire comme tout le monde et causer, merde ?"

Non, je ne perds pas mon calme du tout. Et même le Code, je ne fatigue pas non plus. Enfin là, j'ai vraiment besoin d'un bain alors, j'ais pas le choix, je vais les emmener avec moi. L'air frais et l'eau tiède de la petite source dégotée proche les endormira peut-être. Dans tous les cas, j'harnache tout ça de mon mieux, parvenant légèrement à les calmer sans faire cesser les gémissements.

"- Ça va aller, c'est bon. "

J'essaye de m'en convaincre en tout cas parce que là, je commence vraiment à me sentir un peu paumée. Doucement, je sors de la grotte avant d'en refermer soigneusement l'entrée derrière moi et de découvrir que l'autre cul-nu est encore là. Genre il joue mon chaperon lui en fait. Mais les chouinements me tapent trop sur les nerfs pour que je lui accorde davantage d'attention. Aussi, je m'éloigne déjà en mode escalade tout en lui répondant.

"- Si t'as rien de mieux à faire, tu peux aller faire le ménage dedans. Sinon, je suis toujours en vie et eux aussi, désolée de te décevoir."

- Tu m'as pris pour ta bonne? C'est cool que tu sois toujours en vie, tu veux un chewing-gum des terres sauvages?

"- Vas-y, passe. Que je teste ça."

De toute façon, même s'il essaie de m'empoisonner, je crains rien donc je m'en fous. Et là, je crois qu'un pue de sucre, c’est vraiment ce qu'il me faut. Physiquement, je suis au top mais nerveusement, j'ai du mal et je le sens. Moi seule c’est pépère mais eux, putain c'est du lourd, vraiment.

Je récupère rapidos la feuille qu'il me tend avant de me la coller entre les dents. Bon, maintenant qu'il m'a parlé, il veut pas rentrer chez lui, nan? Ronde validée donc il a plus rien à faire dans le coin. Sauf que visiblement, il a décidé de ma suivre.

- Ils chialent beaucoup tes mioches, t'as oublié de leur donner à bouffer?

"- Ça te gêne? T'as qu'à aller traîner ailleurs. "

C'est pas comme si il avait pas la place après tout. Je me met à mastiquer fortement  le pétale entre mes dents et si j'apprécie le parfum de ce truc, cela n'allège nullement mon fardeau. Oui, je vous entend vous deux. Mais là, je peux pas faire grand chose.

"- Ils ont pas voulu manger. Ils se reposent mal et y a rien qui parvient à les calmer. Alors, je vais les faire nager. Avant, ça marchait... "

Oui, ils étaient pas nés mais visiblement, le côté poisson avait aussi des vertus. Et puis, la source es pas froide donc ça devrait aussi les aider. En tout cas, je ralentis pas et je grimpe jusqu'à atteindre le véritable sommet de la montagne. Blondinet parait piquer un peu du nez contre ma poitrine et dans mon dos, le second chouine moins fort mais ça règle pas le problème.

- P'tain ça t'arrive de pas être agressive? Une vraie douceur.

"- Merci du compliment !"

Ouais, là je me fous de sa gueule. En même temps, il se plains alors que c’est lui qui me flique tout seul. J'ai rien demandé et je suis certaine que sa tribu sait rien pour moi alors, s'il revient sans arrêt bien qu'il sache parfaitement que je suis une plaie, c'est juste qu'il est complètement maso, c'est tout. Et puis, j'ai un problème bien plus important à régler que ses états d'âme à lui.

- Ah bah ils ont peut-être mal au bide justement. Ils ont de la fièvre?

"- Je sais pas trop. Ils étaient pas vraiment chaud mais sur les joues, ils sont plus colorés. Et les yeux du blond brillent un peu trop. "

Mais comme il a fait que pleurer depuis l'aube, je peux pas être certaine qu'il s'agisse vraiment d'un symptôme. Ma main passe presque négligemment sur leur front mais c’est pas flagrant alors, je verrais plus tard. La source est plus très loin, je dois aussi faire gaffe aux animaux du coin même si à cette altitude, suis plutôt tranquille.

- J'imagine que tu veux pas les ramener à ma tribu pour que les vieilles t'aident? Elles connaissent pas mal de... merde j'ai oublié le mot... de technique et de... Ah oui! De remèdes pour les gnomes.

"- Je vais déjà essayer ma technique, on verra la suite après. "

Déjà parce que j'ai pas confiance et aussi parce que je ne veux dépendre de personne. Après, si ces mémés ont la recette miracle pour les faire taire, qui sait. Et puis, au pire, je pourrais toujours les leur abandonner avant de disparaître, non? J'arrive en vue de la source et je me laisse tomber assise à côté, le temps de souffler un instant, mastiquant de plus belle.

"- Je suis pas une sauvage alors pourquoi elles m'aideraient? Et toi, pourquoi toi tu me suis comme ça?  "

- Toi tu pourrais crever ils en auraient rien à foture, t'es un mouton de celui de là-haut. Mais eux ce sont des bébés. Les bébés... c'est sacré sur ces terres. Justement, c'pour ça que je te suis: s'ils apprennent que j'ai laissé des bébés et leur mère totalement livrés à eux même ils seraient cap de me faire cuire et de me bouffer. Je préférerais éviter tu vois.

"- Ouais, je vois."

Encore une fois, la seule chose qui touche un tant soit peu leur intérêt dans mon cas, ce sont eux. Ce qui manquerait de m'arracher un rire sans joie. Au fond, je m'en doutais. Parce que visiblement, depuis que ma grossesse était connue, je ne comptais plus que pour ça. Les bébés à naître, les deux gluants sortis, ces petits êtres sacrés ici. Vivement que je m'en débarrasse pour exister de nouveau par moi-même.

- Après si la livraison de chewing-gum te plait pas j'peux arrêter.

"- Une livraison, c'est régulier et là, c'est pas encore le cas. Et après, tu fais ce que tu veux de ta vie. Que tu sois là ou pas, je me débrouillerais... "

Juste parce que c’est une évidence et que j'ai pas le choix. S'il a envie de se donner bonne conscience, grand bien lui fasse Mais qu'il vienne pas me faire croire qu'il fait ça pour moi. C’est juste m'excuse qu'il a trouver pour s'approcher et traîner un peu plus dans le coin, c'est tout.

Je le laisse se foutre à poil et rentrer dans la source. Moi, je m'agenouille au bord de la cavité avant de défaire mon paquetage. J'en dépose un sur l'écharpe enroulée pour lui faire un matelas de fortune tandis que je saisis doucement le second pour venir le faire patauger un peu. Les pieds puis l'eau monte jusqu'à hauteur du nombril pour lui. Sur le coup, y a une petite amélioration mais...

"- Ça va pas suffire, hein? "

Non, je n'attend pas de réponse et soupire. Blondinet patauge bien 5 minutes avant que je n'échange les rôles. Boucle d'or se repose alors que mini ténébreux vient faire plouf comme le premier. Lui aussi en profite, on dirait bien que ça lui plait. Mais il reste comme une marque de contrariété sur leur visage à tous les deux. Qui se mettent à réclamer mes bras à l'unisson.

"- J'ai compris, c’est bon. Laissez-moi juste 2 minutes...  "

Le temps de déposer les deux sur le matelas improvisé, de virer mes fringues à mon tour pour rentrer dans la flotte et de les récupérer une fois assise au bord, un sur chaque genou et calé contre mon bras ou ma poitrine. C’est ça, profitez du bain, je ferais pas ça tous les jours. Mais au moins là, ça gazouille plus que ça chouine. Un répit que j’accueille de bonne grâce...

- Super idée! Et tu fais comment en cas d'attaque avec un mioche dans chaque bras? Ils font déjà de l'apnée?

"- Mais en quoi ça te regarde? Merde, c’est mon problème ! T'es qui pour eux? Personne ! Alors occupe-toi de ton cul et de ta tribu un peu.
Et puis, t'as une meilleure idée peut-être ? Je t'écoute dans ce cas, puisque môssieu Je-sais-tout est devant moi !
S'ils sont si sacrés que ça chez toi, tiens ! Je te les donne, y a pas de soucis."

Putain de bordel de cacahuètes mais c’est pas possible ça. Je me suis tirée afin de pouvoir enfin goûter à la paix et à liberté à laquelle j'aspire et même en terre sauvage, je tombe sur LE mec qui est obligé de se sentir concerné et de venir fourrer son nez partout dans mes affaires. Quand je dis que j'ai la poisse, c’est vraiment pas une simple idée. Là, c’est un complot planétaire. Enfin, on arrête de gronder parce que du coup, les sangsues s'agitent davantage. Alors on va essayer de limiter les dégâts.

Et si y a une attaque, je m'en cogne parce que je sais que je ne crains rien. Au pire, ils y resteront et moi j'en serais débarrassée pour de bon. Sinon, il est là donc soit il jouera les chevaliers servants soit il fera office de nounou le temps que je règle le souci. Allez, on se calme, on respire et on essaye de se détendre. Putain, à force de m'énerver, je manquerais presque de pleurer quoi. Foutues hormones, c'est pas bientôt finies vos conneries?

- C'est quand même rare d'en avoir deux, mais alors en plus de décider d'aller en terres sauvages avec... T'es exceptionnellement tarée.

"- Ils devraient pas être là, sont arrivés avec un mois d'avance. Et à la base, j'étais censée disparaître après leur arrivée mais là...  "

Et pourquoi je lui raconte tout ça, moi? Non mais ça va vraiment pas bien dans ma tête, là. Je préfère me taire d'ailleurs, ça vaudra mieux. Enfin, je m'occupe un peu des deux monstres, qui semblent quand même sacrément apprécier la baignade. C'est ça, profitez-en le temps qu'on est là, ça sera pas tous les jours.

"- Puis t'es mal placé pour dire ça. T'es au moins aussi taré que moi. Tu serais pas ici sinon."

Ni en ma compagnie passablement détestable ainsi que plus que dangereuse et encore moins en train de jouer les espèces d’interprètes entre civilisés et sauvages de ces terres. Je sais pas d'où il vient et je sais rien de sa vie non plus mais moi, je me permets pas de le juger alors il a qu'à faire pareil, c'est tout.

Et pourquoi tu ris comme ça, toi? C'est parce que j'ai secoué la main et que ça t'as mouillé les cheveux? Ouais, on dirait bien. Et l'autre qui fait pareil. Bon, ça me fait une excuse pour mettre des pichenettes dans l'eau et les arroser. Au moins, quand c'est occupé à gazouiller un peu, ça chouine presque plus.

- Je te le fais pas dire, je suis taré, complètement taré. Mais jusque là ça me réussit pas mal.

Ouais, enfin de ce qu'il entend par réussir pas mal. Après, il est en vie et en bonne santé, visiblement plus ou moins intégré à son groupe et si c'est ce qu'il veut, dans ce cas, on peut considérer que oui, il s'en sort bien. Mais moi aussi, je m'en sortais nickel jusqu'à ce qu'ils arrivent alors voilà.

- Je voulais juste que tu te rendes compte que vivre dans le coin c'est plus facile en tribu, surtout avec des marmots glués à toi. S'ils te gênent comme ça vas-y, donne les moi. Je les apporte à ma tribu, les vieilles s'en occuperont, tu seras débarrassée, ma tribu s'émerveillera devant deux chieurs sacrés... tout le monde sera content!

"- Eh, mais c’est une vache de bonne idée ça !"

De toute façon, l'autre Empereur n'a même pas donné de signe de vie en zone de trêve sinon la White m'aurait prévenue donc c'est qu'il en a rien à foutre en fait. Et cette solution-là, ce serait en effet l'idéal. Eux les veulent, ils en ont deux gratis et moi, je retrouve enfin ma liberté. Bingo. Pour le fait de vivre en tribu, moi seule j'en ai pas besoin donc ça, je m'en fous. Par contre, y a juste un détail qui m'interpelle. Pas grave, on va tenter quand même.

"- Tiens, c'est cadeau. "

Et bim! que je lui colle blondinet dans les bras. Un instant, il ne se passe rien alors je lui met le deuxième avec, sans lui demander son avis. Mais voilà, je crois que j'ai pu compter jusqu'à 3 pour l'un et 5 pour l'autre avant que la sirène ne se remette en route. Et comme j'ai vraiment horreur de ce bruit, je soupire un grand coup avant de venir les récupérer et de les caler contre moi. Stop l'alarme maintenant, c’est bon. Voilà, c'est ça, au pire recommencez à chouiner mais arrêtez de hurler.

"- Si tu veux pas ameuter tous les prédateurs du coin, va falloir que je te les amène parce que là, t'arriveras pas en bas avec...."

Surtout que revenus contre ma poitrine, les deux viennent chercher de quoi manger et ça, il pourra pas leur fournir de suite. Mais bien que l'eau semble leur avoir fait du bien, c’est pas comme d’habitude. Ils viennent chercher mais ils tètent à peine et relâchent déjà le tout pour simplement se coller à moi. Et ça, c'est pas normal.

- Ok si tu veux.

Ouais, je pense que c'est mieux. Sinon, ils vont trop attirer l'attention de possibles prédateurs dans le coin et ça, ce serait bon pour personne. Et comme ni l'un ni l'autre ne viennent réclamer de nouveau de quoi becqueter, je les mouille encore un peu. Ça change les chouins chouins en légers gazouillis le temps que je vienne les déposer sur l''écharpe de portage le temps que je disparaisse 3 secondes sous l'eau. Que moi aussi, j'en profite merde.

- Quand madame et ses braillards seront prêts on ira alors.

"- Ça va, on arrive. "

C'est pas comme si j'avais qu'un fut à enfiler moi. Enfin, je sors du bassin et me secoue les cheveux au-dessus des monstres, ce qui les occupe un peu le temps que je vienne enfiler mes fringues avant de venir remettre mon barda en place. Mais si on va débarquer chez eux, j'ai pas super confiance dans le fait dans mettre un dans mon dos. Suis pas méfiante, mais bon.

Du coup, je me débrouille pour les faire tenir tous les deux devant moi. C'est vraiment pas génial niveau équilibre mais là, je verrais mieux ce qui arrivera. Et contre mon sein, ils semblent un peu plus calmes. Surement les battements de coeur ou quoi. A l'intérieur, ils les entendaient aussi donc là, souvenirs souvenirs. Enfin, j'attache juste sommairement ma tignasse et là, je suis prête.

"- On peut y aller. Avec un peu de chance, ils comateront un peu sur le trajet, comme là ils se sont dépensés un peu."

Enfin, comme je sais pas non plus ou est stationnée sa tribu, je ne sais pas trop non plus pour combien de temps de balade je vais en avoir. Ma pétale toujours en bouche, je mastique encore un peu avant de finir par cracher la peau par terre, comme précisé par l'autre qu'il fallait pas l'avaler. Et maintenant, je te laisse ouvrir la marche, cul-nu.