Alice continuait son avancée à bord de son mobile suit. Le temps passait, encore et encore, et elle s’améliorait toujours un peu plus. Pour tout dire, actuellement, elle ne se battait même plus avec les manettes de celui-ci et ne pestait plus toutes les minutes pour des bêtises. Évidemment, pendant que des jurons fusaient, le canal permettant le contact entre le Raphael et l’Infinite-Justice étaient éteint. Elle ne voulait pas forcer Tieria à entendre de telles sornettes parce que mademoiselle était trop impulsive, même quand il était question de piloter une telle machine. Quand il proposa de faire une pause, la jeune femme acquiesça et ce sans broncher. Une pause lui ferait le plus grand bien.

« Bien. » Elle arrêta ladite machine, ouvrit le cockpit à son tour pour prendre l’air et, elle l’espérait, se mettre relativement à son aise. Si elle s’en sortait avec son mobile suit ? Il était sans doute le plus à même à d’en juger vu qu’elle n’était pas une professionnelle mais il attendait tout de même son avis. Haussant les épaules, la jeune femme reprit donc. « Oh, disons que j’ai moins tendance à frapper les manettes après avoir raté mon coup. » dit-elle en rigolant, doucement. « J’aurais peut-être dû oublier l’idée de devenir pilote, je suis trop impulsive. » avoua-t-elle toujours à la blague mais le pensant vraiment, d’une certaine manière.

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Un ennemi ? Alice s’y était attendue, quelque part, mais elle n’avait pas véritablement assimilé ce que ça ferait sur le fait accompli. Elle ne savait pas trop comment réagir par conséquence. Devait-elle montrer directement les crocs ? Non. Ce n’était pas son style. Même si elle avait décidé de prendre les armes, elle n’allait pas devenir pour autant une jeune femme offensive. Tout au plus défensive, avoir les moyens de défendre les autres, le Royaume, mais jamais elle n’attaquerait la première. Elle regretterait l’idée même d’enclencher une bataille, ou en plus grand, une guerre. Enfin… celle-ci avait commencé à la « disparition » de Houki. Elle se rappelle du regard de Kougami.

« Tieria, parlons calmement. Ne nous précipitons pas. » lui dit-elle avant d’ouvrir le réseau de communication, elle aussi, à son tour. « Nous sommes de simples soldats du Royaume. Mon ami m’aidait à m’entraîner, à prendre les commandes d’une telle machine. Nous reculions seulement pour ne toucher personne, pour trouver un endroit désert. Nous ne sommes pas animés par de mauvaises intentions. » avouait-elle diplomatiquement. Elle avait l’habitude d’user des mots corrects. Elle n’était pas conseillère de base pour rien.

La voix d’une jeune femme. Ils faisaient face à un ennemi au féminin. Une jeune femme qui lui semblait réfléchie et suffisamment intelligente pour ne pas tirer et foncer dans le tas face aux deux jeunes gens venus du Royaume. Pour mieux la cerner, et ce malgré la distance et les abris de métal dans lesquels ils étaient tous trois, Alice savait ce qu’elle pouvait et devait faire. Ce serait une occasion supplémentaire pour tester ce don qu’elle avait pour habitude d’exécrer. Que Kougami l’apprenne ou non, elle n’en avait cure. De plus, Tieria ne pourrait que comprendre cet agissement. Il était tout comme elle. Il était, lui aussi, un Innovator. Alors, elle n’avait aucune raison de se justifier.

Il lui fallut du temps pour activer ce pouvoir, pour arborer des yeux de couleur dorée mais c’était chose faite. Il fallait la sonder. Il fallait la comprendre. Il fallait qu’Alice apprenne la vérité. Elle ne pourrait cacher ses réelles intentions aussi facilement. Sincère. Elle avait l’air sincère. Pourtant, elle ne disait pas tout. Visiter le Royaume ? Au fond, Tieria pourrait tout autant avoir raison. Peut-être le faisait-elle au nom de son dirigeant, de ce fameux Kuchiki dont elle avait vaguement entendu parler au retour de la princesse.

« Tieria a raison. Nous ne pouvons pas laisser quiconque infiltrer notre Royaume. Le roi ne nous laisserait pas faire une telle bêtise. Croyez-moi, pour vous comme pour nous, il serait dommage qu’il se mette en colère. Je crois que votre dirigeant l’a mis hors de lui. » ajouta-t-elle. « Néanmoins, je peux vous proposer de nous suivre si vos intentions ne sont pas mauvaises. Je me porte garant de votre « visite ». Non, vous ne saurez pas autorisée à tout connaître mais ce sera un premier pas entre le Royaume et la Cité. Faites une bêtise et j’y laisserai ma peau. » avoua-t-elle autant pour Tieria que pour leur ennemie. Elle faisait une bêtise ? Elle prenait une mauvaise décision ? Elle s’attendait à entendre un tel discours de Kougami. Pourtant, elle voulait être utile, un laisser-parler entre le Royaume et la Cité.

Une ennemie qui ne s’intéresse à leur royaume, à la Capitale, uniquement pour des raisons de curiosité au sujet de leur vie culturelle, la vie des citoyens, leurs divers libertés et droits. Très, très surprenant. Jamais, ô grand jamais, Alice n’avait imaginé ce genre de situations possibles. Au final, Kougami avait sans doute tort. La jeune femme n’était pas la seule à envisager une discussion entre les différents partis, la Cité et la Capitale. Elle n’était pas non plus la seule à envisager un partage des données et des ressources plutôt que des guerres incessantes. Est-ce vraiment possible ? D’un coup, d’un seul, la jeune Fujioka sentit ses poumons se remplir d’air et la confiance grimper proportionnellement en elle. C’était bon d’avoir un face à face aussi serein qu’il puisse l’être. Cela ne ressemblait en rien aux discours des chevaliers qui entouraient Kougami.

« Moi, c’est votre ouverture d’esprit, vis-à-vis de la Capitale, qui me rend enthousiaste. Je n’ai que trop rarement eu la chance de rencontrer quelqu’un qui semble penser comme moi. Si vous dites en plus ne pas venir pour le compte de la Cité, je ne peux que mieux le prendre. » une chose la chiffonna malgré tout. Elle pouvait sentir le pouvoir de son interlocutrice aussi facilement ? Ce fut au tour de la blonde de se sentir envahie, pour le coup. « Je… Je m’en excuse. Je ne me suis pas encore familiarisée à… à tout ce qui entoure mon pouvoir. Ce n’était pas mon but, croyez-moi. Je suis aussi novice dans le pilotage que dans le maniement de ce… don. » elle se sentait encore plus idiote que jamais. Après quoi, elle se concentra sur Tieria. « Excuse-moi de t’embarquer là-dedans. Je te promets de dire toute la vérité à Kougami dès qu’on sera rentrés. » oui, elle s’en voulait sincèrement.

Après quoi, elle décida de reprendre le chemin dans l’autre sens, direction la Capitale, à nouveau. « Moi, c’est Alice Fujioka. Je suis une conseillère parmi tant d’autres, du roi. Dès que nous arriverons aux hangars militaires, je vous demanderai de nous suivre de près, Tieria et moi. Nous pourrons ainsi nous assurer de votre protection. Certains soldats ont perdu des êtres chers lors de batailles avec la Cité, que ce soit pour récupérer la princesse ou autre chose. Alors, ils risqueraient de vouloir se venger sur vous. » ils reprenaient alors le chemin jusqu’aux hangars.