Katsuki ou Katchan? Il faut choisir

Solo de Katsuki Aozaki

Septembre 254

Quand j'arrive dans la clairière de la veille le mobile suit Scydonien est déjà là. Je n'aperçois pas la blonde mais, au pied du MS, un homme en combinaison de pilotage qui arbore fièrement l'oiseau de Scydonia sur son épaule. Il a allumé un feu et réchauffe tranquillement sa ration militaire.

Je reste un moment caché, à l'observer, à essayer de prendre ma décision sans y arriver. Est-ce que je dois sauter sur l'occasion et rentrer à Scydonia tout de suite? Non, je n'y arriverais pas. Mais d'un autre côté j'aimerais bien rentrer un jour. Raaaah, ça devient compliqué.

- Je sais que tu es là, mon radar t'a détecté depuis un moment, finit-il par dire bien fort.

J'approche lentement, me redresse, abandonne ma posture de sauvage tout en gardant leur apparence: mes vêtements ne vont pas se changer par magie. Il m'invite à m'approcher du feu, à m'asseoir, ce que je fais en l'observant avec méfiance, mais voilà qu'il me tend une ration en guise de réponse. Je l'accepte mais ne mange pas: depuis quand j'ai pas bouffé une ration militaire Scydonienne? Avec la Tribu on en a déjà piqué aux Impériaux et aux Royaliste mais celle de Scydonia... C'est différent. Elle ont le gout du souvenir et je crains de ne pas pouvoir m'en défaire dès que j'aurais déguster une bouchée.

- Soldat Katsuki Aozaki c'est ça?
- Ouais.
- Selon la procédure je dois te ramené à Scydonia mais on dirait que tu as fais ta petite vie ici. C'était tes enfants hier? On peut les emmener si tu veux.
- Quoi? Mais ça va pas la tête!!!? Crève! Je suis pas leur père!
- 'Scuse, je croyais, ils te ressemblaient.
- Nan pas du tout! C'est des braillards! Des gueulards! Des chieurs de première!

Il me regarde en se retenant pour ne pas rire... Ouais bon ok ils se comportent comme moi mais c'est juste parce qu'ils se comportent comme des sauvages. Ce sont des sauvages. Comme moi.

- Tu es ici depuis combien de temps?
- Ici? Pas longtemps. En terres sauvages? Depuis... Avril 251.
- Ah ouais, ça fait un bout de temps alors, on est en septembre 254.

Je ne suis pas surpris, c'est ce que j'avais estimé au fil des saisons. Compter les jours précisément était trop chiant.

- Tout va bien à Scydonia?
- La routine, il y a pas eu de gros changement ces dernières années. Tu veux rentrer?
- Je sais pas trop.
- Rien ne presse, on a le temps de discuter et de voir la suite ok? Même si tu reviens pas, tu peux au moins écrire à tes proches? Je dois avoir de quoi écrire là haut.

Il montre son cockpit, je hoche la tête, il se lève pour rejoindre sa machine, me laissant seul quelques minutes. J'ose enfin prendre une bouchée de la ration militaire Scydonienne. Bordel de merde qu'est ce que c'est bon, ça m'avait manqué. Les épices, les saveurs qu'on ne trouve pas ici, c'est tellement bon. Un peu plus et je me mettrais à chialer comme l'un des braillards.

Il redescend et dépose des feuilles et un crayon à côté de moi. Je les regarde en me demandant ce que je pourrais bien écrire. Y a pas quatre mille personne à qui je veux donner des nouvelles: mes parents et le kiri. Mais pour bien il faudrait aussi que je rédige un rapport pour Scydonia non?

- Tu as encore de la famille à Scydonia?
- Ouais, mes parents.

Ma mère doit être morte d'inquiétude après tant d'années sans nouvelle. J'espère que papa n'en bave pas trop à cause de moi. Elle doit être carrément insupportable.

- Et ici?
- Je t'ai dit que c'était pas mes gosses!

Il s'excuse d'un regard.

- Toute la Tribu est devenue ma famille.
- Ça fait un paquet de monde, on va pas pouvoir tous les emmener, mon cockpit est trop petit.
- Ils voudraient pas de toute façon.

Je me remet à manger, dégustant chaque bouché en laissant les souvenirs me submerger. Qu'est ce que j'ai pu me marrer avec l'autre Kiri quand nous étions à l'armée, dans les rues de Scydonia, n'importe où en fait.

Le silence s'installe, il me laisse manger et réfléchir. J'apprécie. Je suis pas dans une situation ultra facile, c'est l'une des décision les plus difficile de ma vie... De la même ampleur que mon intégration au projet Wild.